Sans Détour

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Chronique de lundi 8 juin

La croisade pour la cinquième République est entamée

C’est le CNT qui assure vraisemblablement le « l’imamaya ». Le 30 mai, alors que la nation honorait les morts de l’insurrection, une délégation parlementaire était à Bobo Dioulasso pour sensibiliser sur le besoin d’une nouvelle république. Les politiques acquiescent, mais en retrait. Sans doute se disent-ils à quoi bon ? Notre temps viendra, quand nous aurons eu l’onction du peuple. En ce moment là, ce que nous dirons « sera parole de Dieu » « vox Dei » puisque nous aurions eu « la vox populi ».

  Disons que la Ve République est déjà en chantier. Les spécialistes du droit ont tous les cas de figure soigneusement rangés dans les cartons. Il suffira de leur esquisser un portrait robot de la « République » que l’on veut et ils le modélisent séance tenante. Dans leur enthousiasme communiquant, ces spécialistes ont conquis les députés. Au CNT, chrono en main, on pense qu’en 45 jours on devrait ficeler une constitution prête à être adoptée. Vraiment rien n’est plus comme avant. De toutes nos Républiques, la Ve sera celle dont le « cycle » de gestation aura été considérablement réduit. La science constitutionnelle fait beaucoup de progrès. Il faut souhaiter que le produit ainsi conçu soit viable. Autrement on passerait d’une République sur mesure à une autre qui ne correspond à personne. Les institutions traduisent l’âme des peuples. Elles ne sont pas le fait des experts, en tout cas pas exclusivement. Les rédacteurs de la constitution des Etats-Unis, avaient élu à leur tête, un Georges Washington, dont la profession, avant de venir politique était géographe/cartographe. La Constitution qui est née sous son égide, à plus de 200 ans. Personne ne parle pour l’instant de la changer.

Une constitution ne peut-être que du « sur-mesure ». Elle n’est adaptée qu’au peuple qui l’a secrété. De ce point de vue, le Burkina qui va écrire sa cinquième constitution, en moins d’un siècle, a peut-être le défaut de n’avoir pas pris le temps d’écrire une constitution à ses dimensions. Cette fois sera-t-elle la bonne ? Ce n’est pas évident au regard du contenu des discussions actuelles.

En opposition dans le débat, deux types de régimes. Un régime présidentiel tempéré, pour reprendre les propositions du président Kafando et un régime parlementaire, où le foyer du pouvoir serait le parlement. Des deux régimes, en dehors des vertus et des défauts de chacun, lequel convient à notre sociologie du pouvoir ? Si l’on s’en tient à notre riche expérience ; aucun.

La constitution de 1970 était de type parlementaire, elle a échoué avant la fin de sa première  législature, dans un duel reste épique entre Gérard Kango Ouédraogo et Jo Ouéder. Le type présidentiel et semi présidentiel ont été expérimenté par Maurice Yaméogo et Blaise Compaoré. Le premier a tenu cinq ans, le second 27 ans. Dans les schémas classiques autant dire qu’on a tout expérimenté.

Alors pour le symbole on va revisiter lequel des régimes encore ? Pour l’instant celle qui a tenue la route pendant longtemps, nonobstant le fait d’avoir été taillé aux mesures de Blaise Compaoré, c’est la quatrième République. Pourquoi elle a tenu si longtemps ? Est-ce le fait d’avoir été taillée sur mesure ? Ou parce qu’elle se rapproche le mieux de notre sociologie du pouvoir ?  

Mais c’est vrai, que la décision est prise. Pour le symbole il faut enterrer la IV e pour renaitre tout immaculé à la Ve. Sauf qu’il faut renaitre avec les mêmes hommes. Et alors nous vient à l’esprit ce que disait le général de Gaulle « la France serait tellement belle sans les français ». En rapportant cette boutade à notre situation présente; on pourrait dire : «  la Ve République serait tellement merveilleuse, si on était pas obligé de la faire avec le même personnel politique et plus largement, le même esprit ».  



08/06/2015
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