Sans Détour

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Extraordinaire affaire Guiro !

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Elle a fait pschitt ! Laissant un goût plus que amer pour ceux qui avaient cru, qu’elle allait constituer, un début de sorti du système Compaoré.

Il n’en sera rien, en tout cas, ce n’est pas pour cette fois. Alors qu’elle leçon ? Plus prosaïquement « notre justice est plus clémente avec un voleur de milliards, qu’un voleur de bœuf. Le premier s’en sort avec un petit sursis et le second écope des années de prison ».

On ne peut pas dire que la justice a eu une main lourde dans cette affaire. Alors on s’interroge :

Pourquoi ?

Le tribunal a bien reconnu le délit de corruption.  Celui de la violation à la règlementation des changes est aussi constitué, même si l’accusé a plaidé l’ignorance. Pour un haut cadre des douanes, ignorer la réglementation en matière  de circulation monétaire c’est quand même le comble non ? Dans les frontières ce sont les douaniers qui demandent toujours si vous n’avez pas de devise à déclarer. Bref !  

Ces faits, pour lesquels Guiro a été reconnu coupable, sont graves et emportent des peines conséquentes, surtout que le mis en cause a été à de hautes responsabilités de l’Etat. Comment comprendre la décision du tribunal ?

Il est possible que les juges aient agi en considération des mœurs qui prévalaient au moment de la commission des délits. Certes les lois ne sont pas nouvelles, mais dans le contexte d’avant, les dons et les contre dons étaient pour ainsi dire, instituer. C’est pourquoi il était devenu légal, qu’un premier responsable de la douane reçoive des « dons en guise de félicitation » pour sa nomination et continue d’en recevoir tout le long de son service, à l’occasion des grandes fêtes et des grands événements de sa vie. Surtout un DG de la douane, à qui il est possible de transiger pour des transactions énormes, en montant d’argent évidemment. Les juges ont donc considéré les circonstances atténuantes dues à l’environnement de la commission des délits. Surtout que ni l’instruction préliminaire, ni l’instruction en céans pendant le procès ne se sont donné la peine d’interroger les donateurs nommément désignés sur les enveloppes. Quand Obouf donne 5 millions à Guiro, c’est au DG des douanes qu’il donne. Une instruction assez sérieuse aurait pu montrer les liens qui ont été les leurs pendants le mandat de Guiro comme DG. Le nombre d’exo et facilitation de dédouanement dont Obouf a pu bénéficier. Et faire après, par un simple relevé téléphonique la qualité de leur relation sur la « période DG » et sur la période « après DG ».   

L’instruction préliminaire a été à minima et le tribunal, non plus, n’a pas eu plus d’audace.  

Or ce qui était demandé aux juges, c’était un verdict en raccord avec le temps de l’insurrection. Un verdict à valeur de rupture et de refondation. On peut croire que les juges ont considéré que cela ne relevait pas de leurs prérogatives.

Peut-être la transition aurait dû instituer pour ces dossiers, un tribunal spécial à l’image de la CREI du Sénégal. En ce moment-là,  les verdicts auraient correspondus aux attentes sociales, d’un nettoyage des écuries d’Augias.

Le dénouement de cette affaire ne va pas réconcilier les burkinabè avec leur justice. La peine qui est prononcée ne semble reposer sur aucune disposition tangible. Par exemple comment expliquer la pénalité de 10 millions ? En cas de corruption reconnue, comme c’est le cas, le coupable doit payer le double de la somme en jeu. Que s’est-il passé pour qu’on lui inflige cette pénalité de 10 millions et non de 1,8 milliards ? Ce procès a eu lieu, c’est heureux, mais son dénouement laisse sans voix.  Pour ceux qui sont dans le même cas de Guiro et susceptibles de passer devant les tribunaux, ils ont dû pousser des oufs de soulagement. Il y a une jurisprudence Guiro, dont ils espèrent qu’elle déteignera aussi sur eux.

Enfin pour ceux qui ont suivi le procès, le Lobby de la douane c’était quand même  extraordinairement mobilisé. Les incidents rapportés pendant l’audience en portent témoignage. On peut croire ici, qu’il a prévalu le fameux adage moagha, je ne saurais dire s’il est du plateau central ou pas : « qu’on vous terrasse pendant une bagarre c’est la faute à pas de force. Mais que l’on vous traine après votre chute, là c’est parce que vous n’avez pas de famille ». On ne peut pas faire cette insulte à Guiro. La puissante famille de la douane était à ses côtés.  Qui peut présager ce qu’il en serait advenu si les juges avaient eu la main lourde ? Cette transition qui est déjà sur les rotules financièrement, aurait-elle supporté une grève de la douane ?  C’est juste une interrogation.



22/06/2015
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