Chronique de lundi 20 juillet 2015 : Epilogue d’une grave crise ! Kafando hyper président !
En deux décrets, la grave crise institutionnelle de la transition, de ces trois dernières semaines, a été réglée.
Un premier décret par lequel Kafando s’habille de la vareuse du commandant en chef de l’armée et du grand flic du pays. Il avait annoncé dans son discours de vendredi 17 juillet, qu’il retirait à Zida le contrôle de l’armée. On savait donc qu’il allait cumuler les fonctions de chef de l’armée. La surprise a été de le voir aussi porter le képi de premier flic. Dans les arrangements initiaux, qui visiblement n’ont eu de cesse de bouger, c’est un général à la retraite, Ibrahim Traoré, qui devrait officier à la Sécurité. Finalement c’est Kafando, himself qui va s’y coller. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? On se perd en trop de conjectures. On peut être sûr que la décision de cumuler les fonctions de la Défense et de la Sécurité n’est pas fortuite. A défaut de changer de premier ministre, c’était le minimum exigé par la hiérarchie de l’armée. L’épisode du faux complot du 28 juin a laissé des traces et surtout un goût amer chez les gendarmes. Le 28 dans la nuit, quelques temps après l’arrivée du premier ministre, de retour de Taiwan, dont l’avion est allé atterrir à la Base 511, le ministre ordonne au chef d’Etat-major de la gendarmerie de procéder à l’interpellation des officiers du RSP. Celui-ci, lui demande s’il en a avisé le président Kafando. Auguste Barry répond par la négative et exige qu’il s’exécute. Le patron des gendarmes confère avec son adjoint et finalement ils prennent la décision d’attendre le lendemain, pour suivre la procédure pour interpeller un militaire. C’est ce qu’ils font le lendemain. Auguste Barry le prend très mal et envisage de les remplacer au tout prochain conseil des ministres. Kafando, informé, fait surseoir à toute nomination à la Sécurité. C’est comme ça que le patron des pandores sauve sa tête. Outre les nombreuses frustrations provoquées chez les militaires, Zida et Barry s’étaient mis à dos aussi les pandores. Il fallait donc que le contrôle de ces départements leur soit retiré.
Le deuxième décret, annonce un cabinet, avec un nouvel entrant à la place d’Auguste Barry, le grand sacrifié de la crise. Le Colonel Ba sauve sa tête et conserve son maroquin.
On sort donc de la crise avec un Kafando hyper-président et un Zida juste premier ministre, comme c’était la tradition sous la quatrième République.
Tournons donc cette page de la crise et voyons ce qui nous attend !
La transition s’achemine vers sa fin. Il reste encore au moins deux grands rendez-vous. Celui du 13 août, pour savoir ce que la Commission de réconciliation et des Reformes nous réserve comme moyens et voies de règlement des problèmes qui minent le pays. Quelle justice ? Quelles institutions et probablement quel projet de Constitution ? Ce rapport est attendu. On peut compter sur Mgr Paul Ouédraogo pour nous sortir quelques chose d’inédit, en tout cas très loin des chicanes qui ont empoisonné le cours de cette transition.
Le deuxième rendez-vous c’est évidemment celui du 11 octobre. Ces élections de sortie de crise, très capitales pour l’avenir du pays. Il ne suffit pas d’y arriver. Il faut y arriver bien. Dans les conditions d’inclusion les plus larges possibles. Il faut qu’elles se déroulent dans la transparence et l’équité la plus totale, pour que le vainqueur sorte avec toute la légitimité requise pour expurger l’Etat des scories de la transition. Le challenge c’est de ne pas se retrouver avec une autre transition de cinq ans, qui prolongerait à l’infini le calvaire des Burkinabè.
On n’est jamais sûr de rien, parce que nous sommes sur le terrain politique, mais cette nouvelle redistribution des rôles devrait contraindre chacun à s’occuper de « ses oignons » et non plus des soucis de construction d’une hypothétique base pour d’éventuelles ambitions mal dissimulées. Il n’y a plus donc de réseaux à entretenir. En tout cas pas avec l’extraordinaire facilité qu’offrent l’Etat et le pouvoir de l’Etat. Les rentes n’auront plus, assurément, le même flot qu’avant. On comprend les rictus jaunes des rentiers. NAB
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