Solutions éventuelles à la situation actuelle !
Aujourd’hui, incontestablement la situation est bloquée. Le président va recevoir le rapport des sages et probablement les pistes d’une sortie heureuse de la situation actuelle.
Les positions des protagonistes n’ont pas évolué. Elles se sont même radicalisées, même si, les OSC à mesure que le temps passe, doivent se rendre compte de l’inconfort de leur position. On ne peut pas s’accrocher à un individu, comme d’un messie. Zida a sans doute trop de qualités. Mais il ne peut-être le seul qui assure le salut de notre pays. Vouloir imposer cela n’est ni intelligent, ni opérant. Maintenant voyons les périls dont on voudrait qu’il soit, à l’étape actuelle, le rempart :
- La restauration de l’ancien régime, celui de Blaise, avec le retour du CDP et une éventuelle surenchère qui mettrait fin aux bénéfices de l’insurrection ;
- Les élections à bonne date, soit le 11 octobre.
Essayons de prendre chaque cas et de voir s’il n’y a pas une autre solution plus pertinente
1. Du rempart contre la restauration
Zida parti, disent ceux qui le défendent, la vague d’une restauration de l’ancien régime va déferler sur le pays. Le CDP soutenu par le RSP va imposer un nouvel ordre contraire à celui qui a été mis en place par l’insurrection. Les dossiers Sankara et Norbert seront contrariés et abandonnés. Le nouveau gouvernement va faire place nette à l’ancienne majorité.
Ces arguments ressemblent d’avantage à des chiffons rouges qui sont agités pour faire peur. Pour l’instant, ils sont sous mode incantation et non sur une démonstration rigoureuse avec des faits. La transition est assise sur une charte dont, il est pratiquement impossible de modifier les dispositions actuelles, même dans une éventualité d’une démission par solidarité avec Zida, de Cherif. La charte est doublement protégée. Il y a d’abord les signataires, puis le processus de sa remise en cause. Comme il est presque impossible de changer la charte, les effets qu’elle a créé depuis novembre 2014, continueront de prévaloir, jusqu’à la fin de la transition. C’est certain. Et cela dépasse la personne de Zida.
En ce qui concerne les dossiers Sankara et Norbert, le meilleur garant de leur aboutissement n’est pas Zida, mais le peuple et la qualité des institutions qu’on va instituer. Sur ces dossiers toujours, il ne faut pas perdre de vue, qu’on attend aussi les conclusions de la Commission de réconciliation nationale. Les propositions qu’elle va faire doivent réorienter tous ces dossiers. Cela va être un tournant décisif. Donc les conjectures actuelles sur une éventuelle convocation de Diendéré et de Hyacinthe devant le juge militaire, que l’on voudrait préventivement empêcher par la crise actuelle relève d’avantage d’un fantasme. Cela dit on ne peut pas exclure de possibles résistances. Qui à leur place n’y songerait pas ? Mais, sauf ignorance de notre part, nous n’en avons pas entendu parler. Et pourtant, nous avons pris contact avec la justice militaire. Cependant, Diendéré sait que sur le dossier Sankara, il va devoir rendre des comptes et probablement sur d’autres dossiers aussi, comme celui de Dabo Boukary. Mais pas sur le dossier Norbert Zongo. Ceux qui ont suivi ce dossier savent ce qu’il en est exactement. Pour cela je renvoie, (nombre de lecteurs n’ont pas connu cette période), à lire toute la littérature du procès David Ouédraogo, c’était en août 1999.
Il est impossible de s’accrocher à la question de Zida rempart.
Solution possible !
Il est étonnant que les OSC particulièrement, qui se disent garantes de la transition ne réfléchissent pas sur les mécanismes, mais s’accroche à l’individu. Ce qui parait opportun, c’est d’imposer un cadre et un profil type d’un premier ministre qui assurerait quoiqu’il advienne la survie des idées de l’insurrection et l’achèvement dans la paix de la transition à bonne date. Or les OSC concentrent leur force et leur intelligence à défendre à Zida, qu’elles oublient le principal. Ce qui parait important, c’est quel type et quel profil de PM, dans l’éventualité où le maintien de Zida constituerait plus un risque d’une solution. Si les OSC empruntent cette voie, elles se donnent la latitude d’influer sur le choix, si choix il doit y avoir, et prémunissent de ce fait, par leur vigilance, la transition de toute dérive et de toute récupération. Le primat étant le maintien du gouvernement à venir sur le consensus de novembre ; pas d’anciennes personnalités de l’ex-majorité dans le gouvernement jusqu’à la fin de la transition. Avec une nouvelle exigence. Le PM qui va remplacer Zida doit venir des OSC et n’avoir jamais entretenu de lien avec l’ancien régime.
2. Les élections le 11 octobre
Sur cette question, le consensus national est total et complet. La date doit être tenue. Mais on ne peut pas raisonnablement dire qu’un éventuel débarquement de Zida, entrainerait ipso facto le report. Le délai qui nous sépare de l’élection n’est pas non plus un argument imparable. Regardez du reste ce que prescrit la constitution. Elle dit qu’en cas de vacance du pouvoir, les intérimaires ont 90 jours pour organiser les élections qui rétablissent l’ordre normal. En ce qui nous concerne, depuis décembre 2014, avec la mise en place du gouvernement de la transition, les préparatifs ont commencé. La CENI a jusque-là remplit tous les points de son programme. Une évaluation budgétaire a été faite. Le budget est presque bouclé, et les engagements sont pris pour que le reste à combler le soit dans les délais raisonnables. Les opérations électorales programmées se déroulent sans difficulté. Au jour d’aujourd’hui, le fichier est prêt. Le corps électoral est convoqué. Autant dire que près de 90% du travail, pour aller aux élections du 11 octobre est fait.
Le maintien ou pas de Zida et de son gouvernement n’est en rien encore pour quelque chose dans le respect de la date du 11 octobre. Les arguments de maintien de Zida, pour beaucoup de Burkinabè, relèvent davantage du sentiment et de craintes objectives. Pour les partisans, c’est tout autre chose évidemment. Il s’agit de protéger une rente. Leur « gnadin » comme on dit en Côte d’Ivoire.
Quelle solution ?
Si malgré tout on devrait maintenir Zida que vaut-il faire ?
Si le président décide de rester sur le statut quo actuel, il n’y a rien à faire, l’attelage n’atteindra pas le 11 octobre, tellement les haines sont viscérales et irréconciliables. La transition risque de finir dans un vrai bain de sang. L’invocation du tribunal de l’histoire et la justice internationale n’y feront rien.
Si Kafando devrait maintenir Zida, il va lui falloir construire un nouveau consensus. Zida ne pouvant plus relever de sa composante originelle, notamment la composante militaire qui l’a désavoué, il faut revoir quel équilibre instaurer pour le maintenir. Peut-être les OSC pourrait l’endosser comme leur mandataire. En ce moment, il démissionnerait de l’armée et retrouverait son poste de Premier ministre. Pour équilibrer les choses, il ne devrait plus être en charge de la Défense que le président pourrait alors occuper. L’armée en ce moment aurait, comme supérieur hiérarchique direct, le président lui-même. Sans la force de l’armée, Zida deviendrait un simple Premier ministre qui met en œuvre la politique de Kafando. Dans cette configuration, l’idéal aurait été que la Défense soit assurée par un haut gradé pour faire pièce à Zida. Mais comme l’armée a décidé de ne plus participer au gouvernement, il faut en prendre acte. Voilà les bases d’un débat. Elles peuvent être vite dépassées, parce que l’actualité pourrait évoluer rapidement. Merci à vous de contribuer et d’enrichir !
NAB
Inscrivez-vous au site
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 2683 autres membres