Sans Détour

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Chronique de mercredi 27 mai

Sankara, revient à la lumière

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En ce séjour où on a exhumé les restes de Thomas Sankara, l’émotion est indicible et éclipse bien entendue, nos vaines querelles, qui toujours et hélas se nourrissent de l’intolérance et de la méchanceté des cœurs.

Les rectificateurs du 15 octobre étaient si cruels mais pensaient qu’ils avaient raison. Ils étaient inhumains, mais croyaient agir au nom du peuple. Au nom de ce pauvre peuple ils se sont crus fondés à tuer et à refuser une sépulture à ceux qu’ils venaient d’exécuter. Omar Traoré, ce lieutenant qui a lu sa déclaration ce soir du 15 octobre à Radio Burkina et qui disait qu’il avait dans sa poche, sa déclaration prête depuis 48 heures déjà, a poignardé, sans en mesurer l’ampleur, les cœurs meurtries de plusieurs millions d’individus au Burkina et à travers le monde, par les mots terribles de sa déclaration qui se sont gravés, à jamais, dans les esprits de ceux qui l’on écouté. On entend encore, comme si c’était à l’instant que ces mots avaient été prononcés : « Sankara l’autocrate, le renégat » accusé de tantative de « déviation » et de « restauration de  l’ordre néocolonial ». La déclaration était signée, capitaine Blaise Compaoré. Lequel dira, plus tard, laconiquement, sans une once d’humanité, qu’il était chez lui « en train de dormir ».

Si le 19 octobre, dans sa première et laborieuse adresse à la nation, (ceux qui sont allés enregistrer le message se souviennent des peines qu’il avait à lire sa déclaration), Blaise Compaoré n’a pas repris les mots lus par Omar Traoré, qui portent tout de même sa signature, il n’a jamais reconnu, pendant ces 27 longues années de règne qu’il s’était trompé. Au gré des aléas et des crises, il a consenti admettre Sankara dans la liste des héros nationaux et ériger des monuments aux héros et aux martyrs (que son régime produisait à la pelle), dans les quatre coins de la capitale. Pour le reste, il est resté droit dans ses bottes. Il n’a jamais eu de regret, parce qu’il disait avoir agi dans l’intérêt du peuple.

L’histoire finit par avoir raison de la prétention des individus. Le peuple et son intérêt ne sont pas toujours où on les proclame urbi et orbi. La dépouille de Sankara, avec des morceaux de vêtement qu’il portait au moment de son assassinat, certainement ce fameux survêtement rouge, dont avait parlé Malik, à L’Evénement en 2007. Après tant d’années, retrouver encore des lambeaux de vêtements est le signe que même la nature sait s’interdire de toucher à certaines reliques sacrées. Malik, qui sera député sankariste, plus tard, avait été le premier à témoigner des conditions de l’enterrement de Sankara, dans un puits creusé par les bagnards de la MACO.   Au moment où les restes de Sankara retrouvent la lumière et nous envahissent  d’émotion quel enseignement, tirons nous de son sacrifice ? En attendant évidemment que les expertises confirment que c’est bien sa dépouille. Donc quel enseignement ?

Pas grand-chose hélas ! Nos vaines querelles intolérantes et prétendument menées au nom du peuple continuent. A suivre certains forums, les mêmes haines que 1987 sont là et s’expriment avec la même véhémence et c’est toujours au nom du bon peuple. Et même aujourd’hui, certains ne s’interdiraient pas de tuer « au nom du peuple ».  

Il y en a même qui continue jusqu’à l’absurde comme, justement cet entêtement sans nom de Nathalie Somé au CSC. Face à la désapprobation quasi générale, elle reste percluse sur son île de fausses certitudes, parce qu’elle agit dans l’intérêt du peuple. Alors que son conseil la désavoue, elle continue. Certains ont pensé un moment, qu’elle s’adossait sur le premier ministre Zida, ceux qui ont parlé à ce dernier, sont formels, il n’approuve pas et même que lorsqu’il a appris cette décision, il se serait fait apporter les statuts du CSC pour pouvoir s’il pouvait la virer, sur le champ. Sauf qu’elle est inamovible statutairement. Il reste maintenant à Nathalie d’explorer les voies de l’honneur et devant tant de dégâts savoir tirer sa révérence, alors qu’il est encore temps. Voilà un cas d’école où la fameuse loi Chérif appliquée, personne ne trouverait à redire.      



27/05/2015
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