Chronique de lundi 25 mai
Enfin l’exhumation des restes de Sankara
Aujourd’hui 25 mai a lieu, sauf imprévu de dernière minute, l’exhumation des restes de Thomas Sankara et de ses douze apôtres. L’histoire a parfois des retournements qui traduisent la vanité du pouvoir des humains.
Souvenez-vous l’année dernière, à cette même période, la justice encore aux ordres des frères Compaoré, s’était déclarée incompétente à ordonner cette exhumation que demandait la famille Sankara, aux fins de relancer un dossier que l’on tenait à enterrer.
Un an après, presque jour pour jour, les ayants droit obtiennent la satisfaction presque concomitante de leurs deux exigences. L’instruction du dossier a commencé et dans son sillage l’exhumation dans les règles de la procédure judiciaire. En regardant ainsi les choses se dérouler, il nous vient à l’esprit le titre du célèbre Ouvrage de Chinua Achebé « thinks fall apart » ou encore « le monde s’effondre ». Aujourd’hui 25 mai, consacre plus que symboliquement la fin effective du règne de Blaise. Il semble que les oracles lui avaient justement dit que « tant que le vent ne soufflait pas les os de Sankara, son pouvoir n’aurait pas de fin ». En cela donc « le monde de son pouvoir s’est effondré ».
Comme nous sommes aussi, dans des sociétés qui sont encore largement enveloppées sous le manteau de nos croyances, la dépouille du chef, reste quelque chose à manier avec toutes les précautions d’usage. Cela dit, pour ceux qui ont suivi le parcours du père de la révolution du 4 août 1983, il a tant aimé son peuple, qu’il lui a sacrifié ce qu’il avait de plus cher « sa vie ».
Cette exhumation qui a lieu en ce jour va permettre dans un premier temps de lever un doute, qui avait fini par prendre corps. Est-ce les restes de Sankara qui sont dans cette tombe qui porte son nom ? Si oui la dépouille est-elle entière ? Voilà la réponse urgente qui est attendue. Le reste relève des éléments de preuves confirmant les conditions de sa mise à mort. La même démarche vaudra pour ses douze apôtres.
D’un mot sur les conditions d’expertise des restes des suppliciés de Dagnoën ? Il semble que cette fois, contrairement à ce qui avait prévalu, pour la dépouille du juge Nébié, avec l’autopsie cavalière de Dr Chochoix, dont on dit qu’il avait été recruté par Jean Guion, les choses sont menées dans des conditions plus conformes aux procédures en la matière. Le technicien français va travailler avec deux de nos éminents experts en la matière. Pr Soudré est l’un d’eux. Il avait participé à l’autopsie des restes de Norbert Zongo. Le rapport qui en avait résulté demeure encore aujourd’hui une pièce solide de ce dossier.
Enfin, c’est aussi la concrétisation de la première promesse de Kafando comme président de la transition. C’était l’une des annonces forte de son investiture, au point d’avoir provoqué un standing ovation de Me Benewendé Sankara. La promesse dans son format premier s’était révélée inapproprié et inintéressant pour la famille. Les réglages nécessaires ont été opérés ensuite, notamment en faisant réaliser l’exhumation dans le cadre de la procédure judiciaire. C’est donc sous le contrôle du juge d’instruction que les exhumations sont conduites. Les résultats devant servir à muscler son instruction. Il y a un an, la famille voulait l’exhumation pour enclencher la procédure judiciaire. A l’arrivée les choses s’ordonnent, pour ainsi dire, dans le bon ordre ; l’ouverture de l’instruction créée les meilleures conditions de l’exhumation. Un pas est donc franchi. Mais Josephine Ouédraogo, la Garde des Sceaux, a prévenu « le dossier Sankara est politiquement lourd » !
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