Sans Détour

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Zida vs RSP le 4 février

Coup de Com et mauvaise foi

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Depuis le 21 janvier, Zida et ses frères d’armes du RSP étaient rentrés dans une stratégie de défiance. L’ultimatum donné le 30 décembre, à l’occasion de la première séquestration de Zida,  expirait ce jour. Les décisions promises n’avaient pas été prises et rien n’indiquait qu’elles le seraient. Au RSP on a missionné Gilbert Diendéré pour demander à Zida ce qu’il en était.

Premier acte : Un document de réflexion litigieux. Quand las d’attendre les nominations promises, le général Gilbert Diendéré prend contact avec Zida, après le 21 janvier, le premier ministre lui demande si le document indiquant les pistes de réforme du RSP était prêt ! Gilbert Diendéré lui demande si les deux étaient liés. Zida lui rétorque que c’est au regard des pistes dégagées par ce document qu’il voulait faire les nominations. Parce que dans son esprit, rien ne servait de faire des nominations pour les rependre aussitôt après quand les nouvelles réformes sont appliquées.  Gilbert Diendéré considère que le travail de réflexion qui est demandé doit se faire avec les nouveaux chefs investis de la sécurité présidentielle. Les échanges tournent court.

Acte deux : Kafando aurait-il mis les pieds sur la proposition de Zida ?

En début février, Zida et Diendéré se parlent de nouveau à propos du dossier. Zida indique à Diendéré qu’il a transmis le dossier au président Kafando, qu’il a relancé à deux reprises, mais ce dernier ne semble pas vouloir se décider. Il indique à Diendéré qu’il ne peut pas forcer la main au président.

Acte trois : le clash du 4 février.

Le 3 février, les éléments du RSP excédés décident, pour ainsi dire, de renverser la marmite. Pour eux, il n’est plus question que Zida reste à la tête du gouvernement. Mais pas lui seulement. Ils pensent que tous les militaires devraient se retirer des instances de la transition et laisser les civils conduire la politique. Diendéré est chargé d’en informer le président Kafando avec qui il a une longue entrevue dans la nuit du 3 au 4 février. Zida est informé de l’humeur des militaires du RSP. Dans la nuit il tente d’ameuter ses relais au niveau de la société civile, notamment le M21, le CAR, des éléments du Balai citoyen et les nombreuses associations créées par Safiatou Lopez. Ces associations bricolent quelque chose pour le matin à la maison du peuple où un rassemblement massif tôt le matin devrait dissuader les éléments du RSP de s’en prendre au premier ministre. Mais la mobilisation ne donne pas satisfaction. Le matin du 4 février, Zida se rend compte qu’il court un grave risque en se rendant au Conseil des ministres à Kosyam. Son cortège en route pour Kosyam virgule vers le palais du Moro Naba. Pendant tout ce temps, Zida est en contact suivi avec ses relais de la société civile. Ouattara Hervé est chargé de coordonner les associations. Dans la journée il ira retrouver le premier ministre au palais royal.

 Quand Zida arrive au palais,  Naba Baongo fait appeler le général Gilbert Diendéré. Les deux se retrouvent chez l’empereur pour une séance d’explication sur laquelle les avis divergent. Pour Zida, il a répété, en prenant Naba Baongo à témoin, que le non respect des engagements n’était pas de son fait. Il a fait les propositions au président Kafando, qui n’a pas donné de suite, malgré ses relances. Il a ajouté que si Diendéré pouvait aller forcer la main au président il est libre. C’est sur ces entrefaites que le général se serait fait adjoindre l’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo pour aller rencontrer Kafando à Kosyam. Effectivement, les deux se sont retrouvés le matin à Kosyam et son entrés ensemble dans les bureaux du président. Peu de temps après Jean Baptiste Ouédraogo en est sorti.

Du côté du général Diendéré on a une autre version. Zida aurait dit-on depuis peu commis des mercenaires pour assassiner des officiers du RSP, dont le général lui-même, pour se venger de l’humiliation qu’il a subi le 30 décembre. Pour eux Zida n’est plus fiable. Ils ne peuvent pas donc lui permettre d’utiliser l’Etat pour les nuire. Il faut donc qu’il quitte la tête du gouvernement et avec lui tous les ministres militaires, particulièrement le plus détesté d’entre eux Denise Auguste BARRY. Du  côté du général c’est ce qu’on aurait expliqué à Naba Baongo et c’est aussi ce qui a été dit au président Kafando en présence de JBO.

Acte quatre : Kafando se serait-il opposé aux nominations ? Nous n’avons pas pu recueillir l’avis du président lui-même. Dans son entourage on est plutôt réservé sur cette version. Kafando qui ne veut pas se mêler des affaires militaires a délégué toutes ses prérogatives à son premier ministre qui est aussi, le ministre de la Défense. Comme dit une source, sur ces questions, il signe les yeux fermés tout ce que Zida lui présente.

Acte cinq : Le dénouement. La journée du 4 février aura été très houleuse pour le premier ministre. Le président Kafando a su faire montre d’un sens très élevé de tact dans la gestion de ce dossier. Il a  évité à Zida une seconde humiliation. Pour sortir du tête-à-tête Zida/Diendéré, dont l’inimitié est devenue mortelle désormais, alors qu’ils ont été très proches par le passé ; Diendéré a protégé Zida de Bationo Omer qui ne l’a jamais porté dans son cœur et Zida à son tour à sauvé le général en 2011 à l’occasion des mutineries du RSP. C’est cette proximité qui a servi Zida pendant l’insurrection. C’est avec l’accord tacite de Gilbert Diendéré qu’il a coiffé au poteau le général Nabéré. Aujourd’hui les deux sont devenus des ennemis mortels.

Le président Kafando a été habile de reposer le problème du RSP au niveau du commandement de l’armée. Les négociations avec les hommes du RSP ont été conduites par le chef d’Etat-major général des armées. Elles se sont déroulées en deux temps. Avec les officiers du RSP toute la nuit du 4 au 5 février. Pour obtenir que le premier Zida reste à son poste. Les négociations ont été houleuses. Parce que tous les officiers du RSP, en dehors de Céleste Coulibaly, étaient remontés contre Zida et ne voulaient plus en entendre parler. Pour calmer les officiers et les faire plier, il a fallu des pressions extérieures de chefs d’Etat et de chefs d’institutions sur le général Gilbert Diendéré. Tard dans la nuit du 4 février, les officiers ont fini par accepter que Zida reste à son poste et qu’il procède dans la journée du 5 février aux nominations.

Mais il restait les hommes du RSP à convaincre. Pour eux aussi ça n’a pas été facile. Ils sont restés braqués jusque dans la soirée du 5 février. Quand ils ont fini par céder,  ils ont décidé qu’ils ne vont rompre les rangs que quand les décrets seront signés et publiés.

Depuis, les nominations sont faites et le calme semble revenir progressivement au RSP. Mais tout indique,  à moins que des réformes consensuelles n’interviennent d’ici-là, que le dernier acte de ce feuilleton n’est pas encore joué.

Newton Ahmed BARRY



13/02/2015
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