Sans Détour

Sans Détour

Premier oral de Zida !

Il y a de la détermination, mais il a manqué de la rhétorique

 

Cette première explication avec les journalistes, préenregistrée, qui a fait donc l’objet de beaucoup de montages, au regard des multiples sauts que l’on constate en regardant les images, permet de lire deux choses :

zida  devant la presse.jpg

-          Les actions du gouvernement Zida. A ce qu’on a compris ce sera essentiellement un gouvernement q

ui va assurer la continuité et organiser les élections en novembre 2015. Il semble assez clair que le gouvernement épuisera ses douze mois aussi. Rien dans le propos de Zida n’indique que les scrutins pourraient se tenir avant.  Quand à l’ordonnancement des actions, il n’est pas assez précis, mais les grands axes seront ceux-là : un recensement additif des électeurs au niveau national, pour permettre à ceux des burkinabè qui avaient de la défiance vis-à-vis des scrutins, qui étaient de leur avis, joués d’avance, de s’inscrire. Il ne précise pas si en novembre 2015, ce sera un scrutin couplé, mais on le devine dans ses propos. Il est fort possible donc, qu’en novembre 2015, le retour à l’ordre constitutionnel normal passe par un scrutin couplé. Il ne dit pas un mot sur la révision du code électoral qui était déjà dans les pipelines, dont une des dispositions, qui dessaisissait  de fait la CENI au profit du MATDS en cas défaillance, était beaucoup contestée. Ce projet sera-t-il soumis au CNT ? Et est-ce qu’il sera expurgé de cette disposition et dans quel délai ?

Il revenu aussi sur les dossiers pendants. Il ressort du propos une constance dans la volonté d’ouvrir les dossiers. Mais Zida ne semble pas avoir arrêté le modus operandis. Les juges vont-ils être saisis, ou c’est la justice qui va s’auto saisir ? Sur quelle base, en invoquant quels nouveaux faits ? Dans le cas du dossier Norbert Zongo, les avocats de la famille semblent avoir mâché le travail pour le gouvernement, il lui suffira seulement de s’y insérer.

 Mais le dossier Thomas Sankara semble plus complexe. L’exhumation est une étape, il restera tout le travail d’instruction à faire. A ce niveau on va se rendre vite compte, que les choses ne sont pas aussi simples que ça. En limogeant le général Diénderé de ses fonctions, le nouveau pouvoir le fragilise et le met à la disposition de la justice. Le 15 octobre 1987, il est établi par divers témoignages recoupés, qu’il était non loin du théâtre du crime. Les informations recoupées attestent que c’est le caporal Nadié (décédé depuis) et l’adjudant Hyacinthe Kafando (toujours vivant) qui ont ouvert le feu sur Thomas Sankara.  Il y a aussi les civils de l’opération. Ils n’ont pas tiré, mais ils ont théorisé et justifié l’assassinat de Sankara. Les journalistes de la RNB, dont beaucoup sont encore en vie, se souviennent d’un Gabriel Tamini, déboulant dans les  studios de la radio avec cette phrase dans la bouche : « votre petit Sankara là, on a réglé son  compte ». Gabriel Tamini est-il toujours à la présidence comme conseiller ? Les décrets du nouveau président qui limogent Diéndéré, Barry et Damo ne mentionnent pas son nom. S’est-il enfuit avec Blaise Compaoré ? Tamini est un des personnages centraux du 15 octobre. Des sources concordantes certifient également qu’il a été un membre du trio « Assimi-François-Tamini » qui gérait Kosyam ces dernières années et c’est sous la férule de ce trio que Blaise fourbissait ses projets funestes. Il faut donc, au plus vite retrouver Tamini.

Sur ce dossier Sankara, donc, contrairement à ce que Zida croit, il n’est pas évident qu’il puise être jugé sous la transition

Le premier ministre est revenu sur les martyrs des  30 et 31 octobre.

Il a montré beaucoup d’empathie, mais ne semble pas envisager leur droit à la justice. Il est bon évidemment de les proclamer martyrs. Mais ils ne se sont pas trucidés tous seuls. Est-ce qu’on peut envisager seulement leur réserver les honneurs d’une sépulture digne, sans se soucier de ceux qui ont tiré sur eux ? De ceux qui ont commandité leur mort ? C’est en quoi, Zida n’a pas été logique, en alléguant qu’il faut des plaintes contre Blaise Compaoré, avant que le gouvernement ne demande son extradition. Ces morts, martyrs, sont de son fait. C’est lui le principal responsable de leur mort. C’est le projet funeste de révision constitutionnelle qui a été la cause de leur mort. De ce point de vue, Blaise, Assimi et tous les croisés de la révision de l’article 37 sont coresponsables et doivent répondre. Ceux qui ont exécuté aussi, même si on peut leur trouver des circonstances atténuantes. Mais il faut qu’ils répondent, autrement c’est une autre impunité qui restera à résoudre.

En ce qui concerne la nomination de Sagnon,

Zida a confirmé, comme nous  l’avions indiqué qu’elle était de son fait uniquement. (Gouvernement de Zida I : Sagnon l’ami de Zida). Il a aussi bien indiqué que la gendarmerie a fait des  enquêtes sur chaque ministre. Ça aussi, nous l’avions aussi indiqué. Et nous pouvons dire que les enquêtes de gendarmerie et des services du Colonel Farta ont été très clairs sur Sagnon. Sa moralité très douteuse, sa prévarication, son passage calamiteux à la tête du parquet de Ouaga où il est impliqué dans plusieurs dossiers de corruption. Ces faits ne sont pas des soupçons, mais ils sont bien établies et étayés. Ils ont aussi été portés à la connaissance de Zida. C’est dommage qu’il continue d’avoir une telle désinvolture vis-à-vis de faits aussi graves. Sauf à considérer  que sous sa gouvernance, ses amis à lui ne seront pas concernés par « l’opération mains propres » que le président et lui veulent diligenter pendant la transition.

Enfin, il est heureux de constater que l’indépendance de la justice va se traduire dans les faits, avec l’autonomisation du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Désormais, le CSM ne serait plus présidé par le président du Faso. Cela devrait consacrer une vraie séparation des pouvoirs. C’est rassurant de savoir que ce projet va voir le jour bientôt. Sauf que, Zida aurait pu, pour des questions d’élégance,  laisser la primeur de cette information au président Kafando. Car la justice, jusqu’à preuve du contraire c’est le domaine réservé du chef de l’Etat. En agissant de la sorte, Zida, peut-être innocemment, renforce l’idée d’un bicéphalisme à la tête de l’Etat, dont il serait en vérité le vrai patron. 

NAB

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28/11/2014
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