Sans Détour

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Les cents jours de la Transition ! Le début d’une grande désillusion

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Zida et Kafando sont perdus. Les soutiens d’hier sont déçus. Les Burkinabè s’interrogent pour savoir si tout ça « c’était pour aboutir à ça » ?

C’est d’abord l’incurie totale des personnalités que l’on croyait avoir une haute idée de l’Etat et du bien commun qui se révèlent à l’épreuve du pouvoir comme de dangereux népotistes. On avait pensé que c’était l’apanage d’un Zida, bon soldat habitué aux petites parties entre copains. On découvre que les Professeurs ne valent pas mieux. Les parangons du savoir, mais qui ne savent  rien de la psychologie des gouvernés. Avec le Pr Loada, c’est le CGD transvasé au gouvernement, une « sorte de transition à la couleur CGD ». Pour se défendre, il dit inaugurer, ce qui ailleurs, s’appelle le « spoil system ». Pour une transition de quelques mois il a décapité le CGD. Les grandes directions comme la CARFO et l’ENAM auront des directeurs généraux de quelques mois, en attendant la nomination, off course, du gros lot la CNSS. Ailleurs, c’est pas mieux, même si ça n’excuse pas le professeur. Au MENA le ministre n’a pas trouvé mieux que de remplacer les 45 directeurs provinciaux de l’éducation nationale. C’est le pompon total! Or lui qui vient d’arriver n’a pas encore compris la grande réforme qui est à l’œuvre dans son département. Il n’a tellement rien compris qu’il risque de faire perdre au Burkina Faso des milliards que son prédécesseur Koumba Boly avait négocié avec hardiesse auprès du Qatar (Educate a child) et auprès de la banque islamique de développement (BID). C’est l’incurie d’un personnel non préparé à la charge et qui ne sait pas paramétrer son action au timing d’une transition qui déboule à la vitesse du TGV. Dans deux mois on rentre dans la campagne du double scrutin, lourd donc, et la majorité des membres du gouvernement sont encore à se constituer des cabinets et des équipes pour des missions déjà achevées. Car à la vérité à partir de septembre, personne n’écoutera plus un Zida en fin de mission, encore moins un ministre sortant.

Un trimestre de perdu sur trois. Un trimestre pour déclarer les biens des premiers responsables. Un rien qui prend autant de temps. Les choses sérieuses évidemment commenceront dans le meilleur des cas au soir de la transmission des pouvoirs au président élu. Il semble qu’ailleurs les expériences de transitions politiques ont été plus chaotiques, ce qui vaut au président Kafando, partout où il passe, des lauriers. Mais justement, le Burkina n’est pas les autres. On peut ne pas être d’accord avec le père Christian Boglo sur la prédestination céleste de notre Burkina « le deuxième Israël de la planète», mais il faut admettre que la présente situation est d’autant plus inacceptable que le processus des 30 et 31 octobre est inédit et rondement mené par un peuple de gens extraordinaires. Nous avons fait l’insurrection en trois jours (30, 31 octobre et 1er novembre). Le quatrième jour, sous la houlette d’un Simon Compaoré nous avons proprement fait le ménage dans les rues et les ruelles de Ouagadougou. L’étranger débarquant le 2 novembre au soir, pouvait difficilement s’imaginer que les rues qu’il parcourait étaient la veille seulement, semblable à des champs de bataille. Quand on a réussi ça et de cette façon, on ne peut pas accepter que l’équipe de la transition s’enlise dans les tâtonnements et les reniements. Tout ce qui avait été proclamé haut et fort est en voie d’être abandonné. En 100 jours il n’y a pas eu d’ouverture d’instruction sur les morts de l’insurrection. En tout cas pour l’instant pas de juge saisi. Les dossiers qui paraissaient aller de soi sont aussi au point de départ. Le dossier Norbert Zongo. Le procureur général a été instruit d’ordonner l’ouverture du dossier. Depuis décembre on ne sait toujours pas les actes qu’il a posés.

Pour le dossier Sankara on en sait un peu plus depuis la sortie de Joséphine, au point de presse du gouvernement du 2 février. Elle a dit qu’il s’agit  d’« un dossier sensible (ça on le savait) et politiquement lourd ». Il y a donc un gros caillou sur le dossier Sankara, dont on ne sait pas pour l’instant qui de la Justice ou de la Défense aura la charge de le déplacer. Rendez-vous peut-être après les états généraux de la justice, dont les conclusions ne seront mises en œuvre que si elles sont corroborées par les travaux de la commission Réforme et Réconciliation. Il faudra donc attendre dans le meilleur des cas août 2015 pour que la commission réconciliation indique la meilleure formule judiciaire pour adresser ces dossiers emblématiques.

Pour les biens mal acquis aussi, c’est à peu près le même sort qui attend la bonne intention du gouvernement. La décision vient trop tard et est très compliquée à mettre en œuvre. Peut-être que si Zida avait agi dans les premières heures de l’insurrection Alizéta Gando n’aurait pas eu le temps de creuser un découvert de 10 milliards dans son compte à la banque de l’Habitat. Nous avons joint le DG de la banque de l’Habitat pour en savoir plus. Il nous a répondu de façon expéditive qu’ « il n’en savait rien ». C’est pourtant de source crédible que nous tenons l’information. Combien, comme Alizéta Gando, ont eu le temps de se faire la belle en vidant leur compte ou en emportant leurs « mallettes à  Guiro » ? La chasse aux biens mal acquis devient donc impossible. Les Mossé ont une sagesse qu’il eut fallu appliquer « zan nere, sonw naaba bosin ko mam » traduit en français facile « il ne faut pas compter sur le chef pour vous aider à retrouver votre bien perdu ». A l’heure actuelle ces biens, s’ils ont existé se sont volatilisés à jamais. Le gouvernement pour la forme pourra toujours engager des procédures et dépenser les maigres deniers du pays, en frais d’avocats et autres intermédiaires voraces. Il est quasi certain qu’il ne recouvra rien. Par contre, il y a un domaine simple et à sa portée. Le domaine des baux administratifs. Les anciens dignitaires se sont construits d’immenses parcs immobiliers qu’ils louent grassement à l’Etat et sans payer un franc d’impôt. Il y a même des baux fictifs. Il suffit dans un premier temps de mettre de l’ordre dans ce domaine et l’Etat va économiser plusieurs milliards. En cumulant les impôts dus et non payés les redressements pourront faire rentrer dans les caisses de l’Etat des milliards. C’est une chose tellement facile à faire. Chaque mois l’Etat mandate ces bailleurs, il suffit de demander à Sanou Gustave des Finances de tirer la liste des maisons louées par l’Etat et le tour est joué. Sauf que cette procédure va mettre mal à l’aise nombre de personnes, dont peut-être Zida lui-même qui est aussi propriétaire d’immeubles. Mais c’est la plus simple à mettre en œuvre. Ensuite, il faut recouvrer les impôts et faire, si besoin, les redressements fiscaux. Beaucoup d’anciens dignitaires ne payaient pas les impôts.

C’est donc grosso modo, un premier trimestre perdu. La confiance à la transition est tellement dégradée que les politiques qui avaient dissout dans la précipitation le CFOP songent à créer une structure de veille. Les pourparlers sont actuellement en cours. La confiance est si entamée que certains pensent qu’il faudra débarquer Zida, pour créer la cohésion autour de la transition. Son départ devrait de l’avis de ceux qui le demandent de plus en plus ouvertement, permettre d’impulser une nouvelle dynamique et d’apaiser les tensions au sein du RSP. Le premier ministre est aujourd’hui le premier ennemi du RSP. Ses anciens compagnons d’armes lui en veulent terriblement de les avoir trahi et de jouer solo. Pour eux, la seule façon de se sentir en sécurité c’est que Zida quitte la transition.   

NAB



09/02/2015
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