Sans Détour

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Chronique du mercredi 6 mai

 

La France s’inquiète des évolutions de la transition au Burkina !

 

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La France est-elle inquiète de l’évolution de la transition au Burkina ? Dans certains milieux autorisés à Paris, on ne le cache pas. C’est pourquoi d’ailleurs Hollande veut en discuter directement avec Kafando pour se rassurer.

Le report de la visite officielle à Paris du président Burkinabè, initialement prévue du 2 au 5 mai, est selon les mêmes milieux, dû à un contretemps du calendrier de Hollande. Il devait aller faire le VRP pour les Rafales au Qatar.  Comme il y avait des milliards en jeu, Hollande n’a pas hésité à zapper Kafando. Selon le programme initial,  le Burkinabè avait rendez-vous le 4 mai, à 11h30, heure de Paris à l’Elysée.

La visite officielle est reportée mais non annulé. Des sources, à notre ambassade à Paris, croient savoir qu’elle est maintenu pour fin mai, sans en préciser les dates.

Paris s’inquiète de trois choses au moins.

-         Primo que la durée de la transition ne soit pas respectée. Sous le prétexte de « reformes indispensables à opérer », certains acteurs de la transition pourraient faire des pressions pour allonger la durée de la transition. Paris craint qu’une éventuelle prolongation installe la transition dans l’instabilité.

-         Secundo, la tenue de scrutins arrangés avec des résultats préétablis. Cette préoccupation Annick Girardin l’avait effleuré pendant le déjeuner avec la société civile pro transition à la résidence de l’ambassadeur à Ouagadougou. Annick Girardin s’était ainsi enquise « À vous écouter, on pourrait parfois penser que vous craignez que le résultat des élections n'aillent pas dans votre sens »

Tertio que l’exclusion par la loi n’entame durablement la stabilité des institutions issues des élections.

Voilà les préoccupations qui sont exprimées à Paris et sur lesquelles Hollande voudrait entendre Kafando.

La France, principal partenaire du Burkina, veut évidemment garder la main et être en capacité de peser sur les autorités de la transition, même si l’épisode de la loi Cherif, lui a laissé un goût amer.

Depuis le 30 octobre, la France a été présente aux côtés de la transition, en s’acquittant d’une double tache :

-         Il y a eu d’abord l’application par « Paris » de la clause de « l’intégrité physique » en faveur de Blaise Compaoré. Les présidents africains qui ont rendu des services à la France sont récompensés en retour par cette disposition secrète, par laquelle la France leur garantie la vie sauve, quoiqu’il arrive. Blaise Compaoré a été un grand ami de la France et à ce titre, la France reconnaissante lui a assuré « l’intégrité physique ». Evidemment cela a été fait en parfait accord avec la pré-transition que dirigeait Zida, Gilbert Diendéré et les premiers responsables du CFOP.

-         Ensuite elle a pris la transition sous son aile protectrice en lui évitant les sanctions, notamment au niveau de la communauté africaine et internationale et auprès de partenaires bilatéraux. C’est elle qui convainc, le Canada qui avait dégainé les sanctions, le premier, de revenir sur sa décision, au sommet de la Francophonie à Dakar.

 

-         Enfin, c’est aussi la France qui a fait avaliser aux chancelleries réticentes le tour de passe-passe par lequel Zida a lâché la présidence pour atterrir à la tête du gouvernement L’argument c’était qu’il faut un militaire à un haut niveau de responsabilité de l’Etat pour tenir la troupe et éviter les écueils de mutineries à répétition qui auraient compromis la conduite de la transition.

La France qui a fait tout ça, a été surprise de la fin de non recevoir réservée à ses exhortations au moment de l’adoption de la loi Chérif. Après un temps de stupéfaction, elle revient à la charge et veut se donner les moyens d’être entendue. Les appuis financiers promis sont maintenus, mais libérés pour l’instant à doses homéopathiques, comme les 65 millions qu’elle vient de débloquer pour les élections.  Une goutte dans l’océan des besoins de la quarantaine de milliards espérés pour boucler le budget des élections, mais de quoi constituer une mise en bouche pour rendre les transitaires raisonnables. 



06/05/2015
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