Sans Détour

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Chronique du lundi 27 avril

 

Après le meeting on fait quoi ?

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Le meeting de soutien à la loi chérif a eu lieu. Les organisateurs ont eu par moment peur, que la mobilisation ne soit pas au rendez-vous. Ouaga a sauvé la face. La capitale reste le foyer incandescent de l’insurrection. Et puis, très probablement il y a eu aussi le coup de pouce de moyens distribués.

Mais à l’intérieur du pays, comme Bobo l’a illustrée, la fièvre de l’insurrection est retombée. Surtout à Bobo où la principale organisation de la société civile, soutien de plus en plus inconditionnel des instances de la transition, le Balai Citoyen, a des difficultés. Sa section régionale, sous l’égide de Diakité, peut-être indiscipliné, mais vrai leader populaire a décidé de s’émanciper de la coordination de Ouaga.

Le meeting a eu lieu, peu importe ce qu’on peut en dire, chacun tirera la couverture à soi. Mais comme qui dirait, maintenant on fait quoi ?

On retourne à nos délestages ! Ils se sont aggravés cette année. Le slogan de la transition est en mode inverse ici : « C’est pire qu’avant ».

On retourne aussi à notre économie qui ne cesse de dégringoler, au point que certains partenaires, qui croient encore au pays, prennent des mesures pour protéger les investissements de leurs ressortissants. C’est ce que vient de faire le Canada à l’occasion de la visite de Zida. Désormais, quand les burkinabè fâchés vont casser les installations d’une société minière canadienne, c’est l’Etat Burkinabè qui va casquer pour les réparations et le dédommagement.  Les burkinabè peuvent faire les fous, comme ils veulent, détruire ce qu’ils veulent, comme ils veulent, quand ils auront passés leurs nerfs ils vont ouvrir leur maigre portefeuille pour payer. C’est le principe du « casseur-payeur ».

La question de l’économie doit préoccuper, ceux qui ont de la clairvoyance. Un régime de bouleversements sociopolitiques, comme celui que la transition veut implémenter doit aussi s’accompagner d’un programme économique étudié. Le CNR de Sankara avait bien réfléchie la chose et avait institué un auto ajustement économique, avec des programmes populaires d’investissement, en prévision d’une hostilité ou d’une incompréhension de l’environnement international. Ce qui avait permis de maintenir l’activité économique à flot, avec une réorientation de la consommation « consommons ce que nous produisons » et la promotion d’un programme « d’investissement populaire ».

Les activistes de la transition proposent quoi, en prolongement de leur agite « pop » ?

Ibriga peut bien haranguer la foule ; pour l’instant, son contrôle n’a pas permis de faire entrer dans les caisses de l’Etat un kopek détourné. Or c’est surtout là, qu’il est attendu. Et puis est-ce que son statut ne lui impose t-il pas vraiment un devoir de réserve ? Car son contrôle aurait peu d’intérêt, si comme la loi Cherif, il visait essentiellement les vaincus, pour les humilier encore plus.

La tournée de Zida chez l’Oncle Sam et au Canada n’a pas permis de réunir de nouveaux engagements financiers en faveur du pays. Il y a eu cette signature de 60 millions de dollars avec la Banque Mondiale, un bien maigre bilan, si on devait faire la balance avec ce qu’a coûté la tournée « premier ministériel ». Zida a voyagé, avec l’avion présidentiel. Sous réserve des usages diplomatiques en la matière, les taxes sont nombreux et chers, pour l’atterrissage, les redevances et les stationnements, sans compter le fuel, les frais d’équipages. La réduction du train de vie de l’Etat, ne vaut pas pour tous les domaines visiblement. A titre de comparaison, Alpha Kondé de la Guinée, depuis l’épidémie de Ebola, a abandonné l’avion présidentiel, pour les avions de ligne. Nous l’avons croisé à Roissy, il attendait tranquillement Air France pour rallier Conakry.    

Pour l’instant, la transition dépense mais ne fait pas rentrer d’argent. Les occupants du département des Finances et du budget ne font pas montre d’un entregent à la hauteur des enjeux financiers et économiques du moment. Il fallait peut-être, l’équivalent d’un Denise Auguste Barry au Finance. Ce n’est pas le cas. La faute à un mauvais casting, au moment de la formation du gouvernement Zida I. On ne peut avoir dans son équipe, un maestro de la finance de la trempe de Filliga et ne pas s’en servir. Il est MPP, c’est vrai, mais depuis que Obama a maintenu le ministre de la Défense de Bush, Robert Gates, on sait que l’intérêt national prime les intérêts partisans.   



26/04/2015
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