Sans Détour

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Chronique du jeudi 7 mai

 

UPC et MPP le temps de la pudibonderie est-il révolu, au risque de compromettre la transition ?

 

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Un texte attribué à un Caucus des cadres pour le Changement, non daté et non signé, publié sur le site de Radio Pulsar fait craindre, s’il est vraiment authentifié, d’un « combat désormais à mort » entre les deux grands de la classe politique du Burkina, UPC et MPP.

Ce texte, de ce fameux caucus, montre que « les cadres pour le changement », le libellé suggère une proximité avec l’UPC, prennent de la distance avec tous les actes majeurs posés par la transition.

Sur l’opération main propre d’abord. Les cadres pour le Changement pensent que si elle est « opportune et salutaire », elle est par contre conduite de façon « non inclusive ». C’est une position que l’UPC avait déjà proclamée. Sauf que les cadres donnent maintenant des indications qui tombent sous le coup de la loi sur le délit d’apparence, qui devraient normalement obliger le juge à agir. La période concernée a été délimitée « du 15 octobre 1987 au 31 octobre 2014 ». Tous ceux qui ont géré sur cette période, devraient être concernés par l’opération main propre. Des faits précis, aussi susceptibles de faire objet d’enquêtes sont énumérés : la rénovation de la mairie de Ouagadougou, la gestion des grandes sociétés d’Etat, les privatisations, les allégations de trafics de diamants et d’armes, les crimes de soutien à rebellions etc… l’aiguillonnage ainsi échafaudé, permet de mettre des noms et des visages et de construire des éléments de saisine du juge.

Deuxio, les cadres pour le Changement récusent la loi Chérif. Ce qui est en soi, un cataclysme, si la proximité avec l’UPC est établie. Les arguments rejoignent largement ceux qu’avancent l’ex majorité, victime désignée du nouveau code électoral, mais aussi ceux des partenaires internationaux du Burkina.

Les cadres pour le changement embrayent un argument embouché par les anti-loi « Chérif », à savoir qu’elle  est fondée sur « l’exclusion », avec deux arguments que l’on appréciera à sa juste valeur au CNT. D’abord elle serait « antinomique » avec l’esprit d’un régime de transition politique chargé de gérer une période de post crise dont l’objet est de mettre « les compteurs à zéro ».

Ensuite l’allusion à la crise ivoirienne qui a été plus dure, avec des milliers de morts, où on n’a pas empêché les partisans de Gbagbo et sa majorité de participer aux élections qui ont suivi sa chute. L’allusion vise clairement « les trente morts » de l’insurrection que certains instrumentalisent pour tout justifier et pour tout faire accepter. Et puis le floue sur les critères qui vont servir à établir « le délit de soutien à la révision de l’article 37 ». Quel mot ? Quelle attitude ? A partir de quand ?

Toujours sur la loi Chérif, Les cadres du Changement rejoignent l’argument du département d’Etat américain à savoir que « le peuple est mûr pour savoir choisir ses dirigeants ». Tout le monde devrait donc participer à ces élections, sous peine d’ouvrir une période d’instabilité post électorale.

Enfin, et c’est aussi une première, l’accusation de collusion « autorités de la transition et le MPP ». Pour les cadres pour le Changement, la transition roule clairement pour le MPP. Ils avancent un argument de taille.

-        La décision de dissoudre les conseils municipaux. Pour eux l’opération ne devait concerner que les mairies où il y a des problèmes. Mais finalement le gouvernement a dissout tous les conseils parce que cela faisait l’affaire du MPP qui n’a pas de commune.   

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Sous réserve d’authentification du texte, dont on ne peut pas tout de même croire que c’est un tract, puisque publié sur le site d’une radio sérieuse, Radio Pulsar, en l’occurrence, il faut croire qu’on est entré dans une nouvelle ère très dangereuse pour la suite de la transition. Si les principaux vainqueurs de l’insurrection ne sont plus d’accords sur les fondamentaux, cela veut dire que la conduite de la transition est en pointillée. Si entre les deux grands de la classe politique, il n’y a pas un code de bonne conduite, les dérapages ne vont pas tarder. Sans aller vite en besogne, le front du « tout sauf le MPP » prend du galon.

 

Lire aussi : http://www.monpulsar.com/index.php/item/416-le-caucus-des-cadres-pour-le-changement-les-errements-de-l-equipe-de-la-transition



06/05/2015
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