Sans Détour

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Chronique du 5 octobre


A quand l’éclairci sur la suite et la fin de la transition ?

 

Kafando était à New York, pour l’assemblée générale de l’ONU. Deux fois annulées, une fois pour Coup d’Etat et sa mise aux arrêts et une deuxième fois pour cause du RSP qui refuse de désarmer, la troisième fois a été la bonne.
Il ne voulait pour rien au monde manquer ce rendez-vous de l’ONU. Le seul d’ailleurs auquel il peut prétendre. L’année prochaine à l’heure comme ça, c’est un autre qui sera à sa place. Il a donc pu assouvir ce désir, même si son programme ne s’est pas déroulé comme initialement prévu, puisque finalement l’escale de Rabat a été supprimée.
Mais à la tribune de l’ONU, Kafando a dit ce que le royaume Chérifien voulait entendre, à propos du Polisario. En ce moment où ce problème sahraoui prend une autre tournure, avec des pays Scandinaves qui embouchent la cause de l’Indépendance, les voix amies valent chers à Rabat. Donc la visite dans le royaume, avec tous les honneurs, comme savent si bien le faire les marocains, de Kafando, reste surement en bonne place sur les tablettes du roi.

 

Revenons à présent à nos affaires domestiques.  Le camp de gendarmerie de Paspanga, avec ses hôtes de marques, (encombrants plutôt diront les contempteurs), est devenu un véritable camp retranché. Les mesures sécuritaires ont été rendues Draconiennes, depuis l’arrivée du général Diendéré, avec des barbelés partout et des fouilles méticuleuses des visiteurs. Ceux qui ont pu rendre visite à certains des détenus, « parlent de conditions de détention correctes ».

 

Les procédures sont enclenchées. S’il échoit finalement à la justice militaire d’élucider cette affaire du Coup d’Etat et de ses ramifications, on peut s’interroger sur le bien fondée du maintien de la commission d’enquête quand la justice est à l’œuvre ? Le président Kafando croit qu’elle peut être une assurance « anti chasse aux sorcières ». Du président du Conseil supérieur de la magistrature, de tels propos n’incitent pas, le moins qu’on puisse dire, à avoir confiance en la justice, « même pactée » après des Etats généraux. La coutume, en ces situations, c’est qu’il n’y a pas dans un pays, des procédures concurrentes à celle de la justice. Dès que la justice est saisie, toutes les autres procédures cessent. On attend de voir comment va s’agencer ce doublon et au bénéfice de qui ? Il ne resterait plus que la Commission contredise la justice.

 

A côté est-il possible d’évoquer des questions plus délicates ? Notamment est-ce que ça fait sens de lier les obsèques des morts, pendant le coup d’Etat, aux agendas politiques de la suite de la transition ? Est-ce nier la douleur des ayants droit, que de penser que la justice devrait, contrairement aux précédentes victimes, prendre le temps des autopsies indispensables. La vérité de la justice n’étant pas la vérité populaire, les familles et les ayants droits ne seraient-ils pas mieux prémunis si les procédures sont conduites selon les règles de la justice ?
Le temps populaire, le temps de l’émotion donc, est forcément celui de l’instant. Les assises qui jugeront ces cas pourraient intervenir plusieurs mois après, probablement dans un contexte différent, quand beaucoup d’émotifs du temps présent, auront reporté leur passion sur de nouvelles préoccupations. A la veille du Coup d’Etat, le 16 septembre, combien il en restait de jusqu’auboutistes pour la cause des morts des « 30 et 31 octobre » ? Ils n’étaient pas nombreux c’est sûr !


Il faut donc dissocier l’agenda politique des impératifs de la Justice.

 

Pour l’instant pour ce qui concerne justement cet agenda politique on entend tout et son contraire. Kafando dit que ce n’était pas sa priorité, évoquant des préalables. Mais une position mouvante depuis sa remise en selle. Au début il liait la date à fixer à une concertation des parties prenantes à la charte. Si on en croit ce qu’il a récemment dit à nos confrères de la RTB, il y aurait des éclaircissements préalables et indispensables à performer. Comme les politiques ne font que maugréer pour l’instant, alors on attend quand ils sortiront de leurs torpeurs. Cette deuxième phase de la transition gagnerait quand même, qu’ils reprennent le contrôle des choses. Leur démission de la première phase est pour beaucoup dans certains travers qui ont failli nous coûter cher.



04/10/2015
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