Sans Détour

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Chronique du 2 septembre !

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L’homme le plus détesté du Burkina est sous les liens !

 

Dans notre courte histoire, j’ai beau chercher, je ne trouve pas un homme qui a été aussi détesté que le général Gilbert Diendéré. Dans le hit parade, probablement François Compaoré. Les anciens rappellent aussi le cas du cousin de Maurice Yaméogo, Denis. Mais Gilbert Diendéré est un cas à part. Denis et François sont détestés parce qu’ils sont « les frères de ». Tel n’est pas le cas du général.

 

Alors d’où vient cette détestation qui n’a pas son pareille dans les annales Burkinabè ?

 

On ne lui connaît pas pourtant de Frasques semblables à celles d’un Hyacinthe Kafando ou d’une autre tête brûlée des débuts du Front populaire, Gaspard Somé. Ces noms bien évidemment disent peu de choses à la génération qui a fait l’insurrection. Pendant les premières années du Front Populaire, de Blaise Compaoré ce sont ces deux, Gaspard et Hyacinthe qui constituaient la terreur.

 

Gilbert Diendéré n’a jamais aimé la lumière. Ce n’est pas pour autant qu’il n’a pas joué de rôles déterminants, parfois même indicibles, autour de Blaise Compaoré et dans le maintien de son régime. Le 15 octobre 1987, il est signalé au Conseil au moment où arrive le Commando qui abat Sankara et ses douze apôtres. Mais le rôle qu’il a exactement jouer reste à établir. On devrait le savoir maintenant qu’il est dans les liens de la prévention et que le juge militaire peut l’inculper et l’interroger à sa guise. Puis suivra la myriade d’affaires sombres du régime Compaoré. Il y en a qui sont forclos, sauf à trouver une passerelle judiciaire, comme le préconise d’ailleurs le rapport de la commission de réconciliation. Deux affaires sont dans ce cas ; le faux coup d’Etat de Lingani/Zongo  et très probablement l’affaire de Clément Oumarou Ouédraogo. Par contre pour les affaires Dabo et Sessouma ce devrait être un grand moment. Sur l’affaire Norbert Zongo, probablement à la marge. Autrement le rapport de la commission d’enquête indépendante contient suffisamment de quoi élucider ce dossier.

 

Homme de l’ombre, le général a été aussi chargé par les militaires de l’opération « Jean » au Liberia, au début des années 1990. Beaucoup lui en ont voulu, pour leurs émoluments, jamais payés ou partiellement payés. De ces années- là dateraient son image exécrable chez les militaires. Mais cela ne l’a pas empêché de traverser toutes les phases du régime Compaoré. Il est le seul militaire qui est resté au côté de Blaise Compaoré du début jusqu’à la fin, sans connaitre véritablement une disgrâce. Ce qui fait dire à un ancien ministre militaire de Blaise Compaoré que « Diendéré est fidèle et honnête, sinon il n’aurait pas duré tout ce temps, avec Blaise ». Si c’est vrai, on peut dire qu’il paye, finalement, au prix fort,  « cette fidélité à son ancien patron ». Parce que c’est lui, plus que quiconque qui cristallise toutes les réprobations et toutes les haines que les Burkinabè ont accumulé contre le régime de Blaise Compaoré.

 

Son Coup d’Etat malheureux du 17 septembre est venu aggraver pour ainsi dire son cas, avec les morts qu’il a occasionné. Comme lui-même n’a eu cesse de demander à s’expliquer, si la justice est impartialement menée on devrait pouvoir faire la part de sa responsabilité propre et de celles des autres qu’il a décidé d’assumer. On peut imaginer que l’investissement de l’ambassadeur américain, au côté du cardinal et du Nonce, dans sa réédition, a consisté à lui garantir une justice impartiale. L’ambassadeur mushingi tulinabo contrairement au français Thibault, a toujours eu de l’estime pour le général, pour qui il  avait des propos élogieux, propos que nous avions eu le malheur de rapporter, qui nous valent une condamnation sans appel des anti Diendéré. Dans cette transition c’est noir ou c’est Blanc. Il n’y a pas de gris. Gilbert Diendéré est depuis ce 1er octobre entre les mains de la justice. C’est une page qui se tourne. L’insurrection a balayé, en 12 mois, tous les symboles de la Blaisie et en a gardé pour l’instant seulement « les mauvaises pratiques ».  Comme qui dirait ; « les tueurs ont été neutralisés. Il reste les voleurs ». Mais comme les voleurs ne tuent qu’à petit feu, ça tombe bien, on a le temps de voir venir.

 



02/10/2015
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