Sans Détour

Sans Détour

Chronique du 16 octobre

Juger, mais réconcilier surtout !

sita sangaré.png

 

 

Il faut, à la fois, « la justice » et des « initiatives politiques » pour juguler la crise de notre pays. La semaine qui s’est achèvée aura été marquée par le renforcement du maillage judiciaire.

 

D’un côté l’intensification des interpellations. Combien de personnes sont interpellées. Combien sont toujours dans le cadre d’une enquête préliminaires, donc sous le régime de la garde-à-vue et combien sont inculpés avec des chefs d’accusation connues, on devrait le savoir aujourd'hui, vendredi 16 octobre, avec le premier point de presse de la justice militaire.

 
De l’autre la structuration de la justice militaire, avec un nouveau patron. Cette instance de l’ordonnancement judiciaire de notre pays est à l’épreuve de sa crédibilité. En raison de son caractère « exceptionnel » des modes de sa saisine et son fonctionnement, il est plutôt du genre de juridiction à « indépendance relative ». Mais de toute façon, la justice, même indépendante ne règle pas tous les problèmes qui se posent à un pays en crise comme c’est le cas du Burkina Faso. Il faut donc, et tout le monde s’accorde, mettre fin à l’impunité. La justice bien conduite peut permettre d’y parvenir. Mais il faut le préalable d’un consensus minimum. En l’absence de ce minimum, les décisions de justice, même irréprochables n’auront pas l’effet escompté.

 

Or ce que l’on constate, c’est que le processus politique qui devrait aussi s’enclencher pour créer un environnement social plus favorable ne se met nullement en place. Le gouvernement montre qu’il est plus soucieux des questions de délais des élections, des préoccupations de sécurité que de l’environnement socio-politique dans lequel tout ça doit se mettre en œuvre.


Il ne faut pas rester durablement dans cette humeur nationale plutôt au règlement de compte qu’à la réconciliation nationale. Il ne faut pas laisser le sentiment d’inquisition envahir un espace national où tout le pouvoir est à la police et sans qu’on ne voit poindre en face le garde fous, si nécessaire et rassurant, des contre-pouvoirs de l’Etat de droit et d’un régime démocratique.
Ceux qui ont des raisons de craindre l’ambiance actuelle, doivent avoir l’assurance que des garde-fous existent, non pas pour leur assurer l’impunité, mais la protection ferme de leur droit.

 

C’est pourquoi, le gouvernement de la transition ne doit pas se reposer sur le confort, d’une protection militaire et policière. Il doit développer des initiatives qui dégèlent le climat social très lourd qui prévaut. Une base existe avec les recommandations de la Commission de réconciliation, mais son application doit être précédée d’un plaidoyer qui le fasse accepter de tous et surtout de ceux qui pensent que tout est actuellement contre eux. Evoquer les propos malheureux de Mgr Paul, peut valoir son pesant de polémiques, de raideurs et même de prise à partie, mais sans le vouloir surement, ils ont grossi la suspicion sur ce rapport sensé nous réconcilier. Il ne faut pas l’ignorer, parce qu’on peut tout imposer, sauf une réconciliation.


Il ne faut donc pas tout laisser à la justice. Elle est nécessaire, mais elle ne produira aucun effet, si les esprits ne sont pas préparés à l’accepter. Une décision de justice ne produit pas la réparation escomptée si elle est reçue et vécue comme une vengeance. Ce n’est pas sans raison que le dicton « un mauvais arrangement, vaut mieux qu’un bon procès » ne prend pas de ride. 

 

Il faut un environnement plus rassurant pour tous. Pour cela, il faut souhaiter que les organisations de Défense des droits humains de notre pays reprennent leur rôle. Parce que les droits humains, ne peuvent pas avoir de camp.



16/10/2015
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au site

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 2683 autres membres