Sans Détour

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Chronique de mercredi 29 avril

Secteur privé-Gouvernement

Lamentation et impuissance à Bobo

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Un secteur privé déboussolé a rencontré un gouvernement impuissant à l’occasion de cette 14 e édition des rencontres institutionnelles annuelles.

L’insurrection est évidemment passée par là. Les opérateurs économiques ont exposé une double douleur. La première est objectivement mesurable et quantifiable. La bourrasque insurrectionnelle a causé des pertes financières d’environ 42 milliards de francs cfa, la destruction des unités de productions, dont certaines le sont à près « 70% de perte de leur capacité productive ». Le bilan social de ces destructions est tout aussi impressionnant, près de 7300 emplois détruits. Autant dire que c’est un secteur privé, malade et déboussolé qui a rencontré Zida.

La deuxième douleur est émotionnelle. Les opérateurs ont montré qu’ils avaient le cœur au bon endroit. La mémoire des victimes des 30 et 31 octobre a été donc invoquée. Il y a eu pour cela, tous les extérieurs démonstratifs de la douleur, dont la minute de silence.

En retour Zida a trouvé les mots pour panser les maux des opérateurs économiques, là où certainement ces derniers attendaient des annonces plutôt sonnantes. En 2011, après la crise des minuteries militaires, Blaise Compaoré avait été plus sensible et leur avait ouvert « le portefeuille » de l’Etat.

La transition n’a pas les moyens d’une telle largesse. C’est pourquoi Zida est resté dans la « compassion » et dans « l’exhortation ». Compassion parce qu’il comprend le désarroi du monde économique, même s’il ne peut y trouver de remèdes et « exhortation » parce qu’il leur promet ce qui ne coûte rien, dans l’immédiat en tout cas, « un accompagnement pour plus de compétitivité et une transformation structurelle du tissu. C’est ce qui s’appelle « quiproquo », parce que les premiers expliquent « qu’ils sont menacés de disparition si les pouvoirs publics de délient pas les cordons de la bourse » et le chef du gouvernement leur parle « de compétitive » et de « transformation structurelle ». La comparaison n’est peut-être pas indiquée, mais c’est comme « demander à un affamé de se soucier de son hygiène ».

C’est un monde des affaires avec le moral au talon qui rencontre le gouvernement. Les entreprises qui ont survécu à l’insurrection sont englués dans les conflits sociaux. A Bobo, les opérateurs ont exposé à Zida, la situation de la société mythique, 100% Burkinabè, Sap Olympic. Depuis des mois, la société est à l’arrêt. Si une solution n’est pas trouvée dans l’urgence, elle va fermer.

Qu’est-ce que le gouvernement peut proposer ?

Des artifices sans doute. Mais déjà, une réduction substantielle de la dette intérieure serait une pouffée d’oxygène inestimable. En janvier 2015, le ministre Sanou avait indiqué qu’il avait fait un effort pour apurer plus de 70% de cette dette. Les opérateurs économiques ne sont pas de cet avis, mais ce serait quand même intéressant de savoir où en sont les efforts du gouvernement de la transition.

Dans un contexte de crise, où il faut faire rentrer des sous, le gouvernement peut difficilement envisager des abandons d’impôts, mais pourtant il devra trouver des solutions. En mars dernier, le même gouvernement avait annoncé qu’il avait épargné 25 milliards pour soutenir les activités à haute intensité de main d’œuvre. Il va lui falloir, faire un effort pour le tissu économique aussi.

Il peut investiguer dans trois directions :

-     Supprimer les derniers postes de dépenses de prestige, comme justement les voyages avec l’avion présidentiel et certaines tournées avec les voitures de fonction au niveau du CNT.

 

-     Voir au niveau sous-régionale, les possibilités avec les institutions de financement, surtout pour les périodes de crise comme celles que nous traversons.

 

-     Enfin, et c’est pas négliger, il faut que chacun paie ses impôts. On ne peut pas imaginer que sur des fortunes, comme les déclarations des biens du gouvernement nous l’on montré, on ne puisse pas payer des impôts.

 

Il faut savoir que ceux qui nous aide pressure leurs citoyens, surtout ceux qui s’en sortent. Chez nous plus on en a, moins on paie l’impôt. Et moins on en a, plus on paie l’impôt.

 Il faut sortir de cette absurdité. 



28/04/2015
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