Sans Détour

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Chronique de mardi 5 mai

 

Décidément les partis burkinabè meurent avec leur géniteur !

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Ce divorce entre les deux courants qui ont constitué, le PDS/METBA à la vielle de la présidentielle 2010, n’a pas été une surprise pour les observateurs de la scène politique nationale. Ce divorce était, pour ainsi dire, inscrit dans les gênes, depuis la mort brutale de Arba Diallo, en début octobre 2014.

Le mariage entre le PDS et FasoMetba n’était pas allé jusqu’à une complète fusion. Parce que ces deux générations de la gauche Burkinabè qui l’ont contracté n’ont visiblement pas vocation à fondre. Etienne Traoré est un « soixante dix huitards », alors que Arba et Philippe Ouédraogo sont des « soixantards ». Dans la lignée de la gauche Burkinabè, dont l’un des ancêtres ou l’aïeul est Joseph Ki Zerbo, on descend de la même lignée, mais les séparations sont des « one way ticket ». Il n’y a pas d’aller/retour possible. Les courants se constituent et se cristallisent en opposition viscérale avec les précédentes.

Ces vingt dernières années, deux avatars de cette gauche « soixante dix huitard » Etienne Traoré et Emile Paré ont tenté un retour dans la famille « soixantard » ce fut des échecs. Emile Paré et Etienne Traoré ont essayé avec le PDP de Ki Zerbo, ils ont tous les deux été des suppléants de « l’homme de nan lara an sara » et ont pu de fait siéger comme député. Mais cela a fini en divorce. Puis Etienne Traoré est allé en seconde noce avec le PDS, à la veille de la présidentielle de 2010. Ce mariage n’ayant pas réussi à le maintenir député, en décembre 2012, Etienne Traoré était en situation de quasi « séparation de corps ».

Avec la disparition brutale de Arba Diallo, les reflexes groupusculaires ont repris. Pour la vieille garde PAI, multiséculaire devenue PDS, par nécessité, il ne fallait surtout pas que le parti échoie à Etienne Traoré. Le congrès extraordinaire qui devait suivre pour trouver un remplaçant à Arba Diallo devait être aussi fatalement celui du divorce. Les mariés de 2010, n’avaient plus de raison à continuer une vie commune. Arba Diallo parti, la côte du PDS n’était plus suffisante pour permettre d’élire un quelconque député, en dehors du bastion sahélien, autour de Dori. C’est probablement ce qui explique que le groupe à Etienne ait proposé un rapprochement naturel avec le MPP, dont ils sont générationnellement plus proche. Il est probable que le différend a résidé dans le degré de rapprochement. Dans l’ensemble, la ligne du parti était de soutenir tout parti de l’ex CFOP qui serait au second tour confronté au CDP ou à tout autre parti de l’ex Front républicain. Mais dans la perspective plus que probable d’un second tour MPP#UPC quelle va être la position du PDS/METBA ? La vieille garde ne veut pas se lier dès à présent, alors que le groupe à Etienne voudrait qu’on tranche au plus vite la question. Surtout avant le congrès d’investiture de Roch qui ne devrait pas tarder.

Le divorce est donc consommé. Un dénouement qui replace Philippe Ouédraogo dans un rôle semblable à celui qu’il avait joué pour un PAI en fin de vie. A l’issu d’un long combat contre Soumane Touré, il avait fini par recouvrer la dépouille du PAI dont il avait assuré les funérailles. Il faut souhaiter pour le premier polytechnicien du Burkina qu’il ne devienne pas un héritier croquemort. Il n’avait pas pu sauver le PAI qu’en sera-t-il pour le PDS, désormais réduit au cercle des premiers fondateurs ?

Décidément, la politique burkinabè, gauche-droite confondue, est une affaire de gardiens du temple et un refus viscéral de renouvellement et d’ouverture. Le PDP est mort de cette consanguinité appauvrissante. Le PDS fera t-il l’exception ? Il faut l’espérer.  



04/05/2015
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