Sans Détour

Sans Détour

C’est extraordinaire comme notre insurrection fait changer les «minds »

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C’est le « Ce que je crois » du doyen Béchir Ben Yahmed, parlant de l’insurrection burkinabè,  qui m’a complètement bluffé. Je pense beaucoup d’entre vous l’ont certainement lu, comme moi, et en n’ont été subjugués. Il s’agit du « Ce que je crois » publié dans le numéro 2811 du 23 au 29 novembre 2014. Son titre « Il faut transformer l’essai ». De la tentative  avortée de Blaise, d’obtenir un mandat de plus, il a écrit qu’il a eu « un salutaire effet en Afrique ». Sans le savoir, poursuit-il « l’ancien président du  Burkina a rendu un immense service à son pays d’abord, et à l’Afrique toute entière, ensuite ». Le doyen tirant leçon de ce « non » massif et retentissant opposé à « la demande déraisonnable » formulée par Blaise Compaoré, exhorte les africains à saisir « cette conjoncture favorable, (créée par les burkinabè) pour guérir enfin le continent de ce mal qui leur est particulier : une kyrielle de chefs d’Etat blanchis sous le harnais, dont l’idée fixe est de demeurer indéfiniment au centre d’un pouvoir dont seul leur entourage profite. »

Le doyen est convaincu que cette entreprise est « tout à fait possible » à condition que tous les africains s’y mettent et que « ceux qui comptent à l’extérieur » les aident. Il s’agit évidemment des Etats-Unis (qui sont déjà en pointe dans ce combat), de la France (dont le président et la diplomatie sont sur la même ligne, même s’ils gagneraient à être moins sélectifs et plus direct).

Le plus intéressant dans le développement du doyen c’est quand il interpelle les intellectuels et les médias à « s’engouffrer dans la brèche et à se faire entendre ». Voilà ce qu’il recommande aux médias et aux journalistes particulièrement « les organes de presse et leurs journalistes devront stigmatiser les apôtres du maintien indéfini au pouvoir, souligner qu’ils desservent leurs pays et leur continent, et aller jusqu’à refuser de publier  leurs discours. L’arme du boycott pourrait être agitée, puis, si cela se révèle nécessaire, utilisée. »

Franchement je suis resté bouché « bé » comme on dit, après avoir lu le doyen. Pour une raison d’abord, parce que quelques semaines seulement avant, c’était François Soudan l’un des big boss du même journal qui avait écrit un « pamphlet » de soutien à l’initiative de Blaise Compaoré où il a expliqué que l’ancien président du Faso avait non seulement raison de faire ce qu’il projetait, mais qu’en plus il avait le droit avec lui. Il a poursuivi en insistant que Blaise Compaoré « on l’oublie souvent, avait même la possibilité de passer par la voie parlementaire.» Pour François Soudan, les jeux étaient faits et ce passage par l’assemblée nationale, que Blaise avait négligé, par ignorance sans doute, était une simple formalité. Quand j’ai lu, quelques jours après l’insurrection, l’article de Ben Yahmed, qui magnifie ce que les Burkinabè ont fait et demande à tous de s’en saisir pour barrer la route « aux malades du pouvoir de notre continent (ndlr cette expression est de nous. C’était la Une du numéro 290 de  L’Evénement après la décision de soumettre le projet de loi à l’assemblée nationale juste après les formalités du Conseil extraordinaire des ministres du 21 octobre) », j’avais vraiment exulté.

Si j’ai décidé d’en parler et de vous en parler, c’est que j’ai été triste de savoir que ce que notre confrère reprochait à la politique Française en cette matière c’est-à-dire « la façon sélective et oblique d’adresser cette problématique en fonction des interlocuteurs », Jeune Afrique faisait exactement la même chose. Le même François Soudan, dans le numéro de J.A qui a suivi et à propos de Denis Sassou Nguesso aura encore cette approche oblique et sélective qui ne décourage pas « l’autocrate de Brazzaville ». Or on aurait pu penser que le doyen en interpellant les journalistes et les organes de presse à « agiter l’arme du boycott. Et même à l’utiliser si  nécessaire » contre « les apôtres du maintien indéfini au pouvoir » pourrait commencer, en montrant l’exemple, par  l’appliquer à Sassou, dont on sait que c’est un « ami » de François Soudan. Décidément, il faut aussi, profiter « des vents venus du Burkina » pour guérir « une certaine presse des avantages des proximités avec les apôtres du maintien indéfini au pouvoir.»

NAB



09/12/2014
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