Sans Détour

Sans Détour

Si Blaise peut trancher alors qu’il tranche !

C’est sur des questions non consensuelles que le dialogue inclusif a été convoqué par le président. S’il faut s’en remettre à lui pour les trancher, autant aller vite et lui laisser l’initiative, totale, pleine et entière.


th (2).jpgIl y a quelque chose de surréaliste dans le débat qui accompagne l’échec du dialogue inclusif. Il aurait dit-on échoué sur le sort à réserver aux questions non consensuelles. Autant dire qu’il n’a jamais commencé. C’est sur le constat que les deux protagonistes importants de la scène politique nationale ne s’entendent pas sur des sujets, connus et reconnus, que le président a demandé qu’ils se retrouvent. Or ce faisant ils ne les invite pas à se renier, mais à chercher un dénominateur commun possible. Mais les positions sur la question principale de la crise sont tellement tranchées que même des concessions hardies n’auraient pas suffi à rapprocher les positions. Sauf à imaginer que le président Blaise Compaoré annonce qu’il va respecter la constitution. Or de cela Blaise Compaoré ne veut pas en entendre parler. Il s’en suit que les protagonistes du dialogue n’auraient jamais trouvé un point d’accord sur cette question. On était donc parti pour ne pas trouver de consensus pour s’en remettre à la sage décision de Blaise Compaoré.

Créer les conditions pour légitimer l’illégitime  

Les protagonistes allaient donc se chamailler des jours durant sur le point essentiel sur lequel ils ne peuvent pas s’entendre pour aller s’en remettre à Blaise Compaoré pour qu’il les départage. Pour mieux rendre le scénario intelligible il faut s’imaginer un prévenu, dans un tribunal qui demande aux juges et à ses avocats de transiger et de lui revenir s’ils ne s’entendent pas sur son sort, il va leur dire ce qu’il faut faire.

Dans le faux débat sur l’article 37, il s’agit du sort de Blaise Compaoré qui ne veut pas respecter la constitution. La crise actuelle trouve son fondement dans ce refus du président. La société burkinabè est divisée en deux clans irréconciliables. Peut-il être le bon arbitre dans ce différend ? Le bon sens voudrait qu’il se mette de côté et s’en remette à la sagesse des protagonistes qu’il a convié au dialogue. Sauf s’il avait un agenda caché. Comme nombreux de burkinabe le soupçonnent. S’il doit être celui qui tranche en dernier ressort, pourquoi n’y va-t-il pas directement ?

L’échec du dialogue inclusif précipite son entrée en scène qui était de toute façon inéluctable. C’est lui qui allait décider en dernier ressort et le dernier ressort est fini plutôt que prévu. Peut-être arrive t-il dans des conditions imprévues, hors scenario. Mais n’est-il pas l’homme des circonstances imprévues ? Le 15 octobre 1987 les événements avaient défilé à un tel rythme qu’il avait été mis devant « une situation dont la maitrise était impossible. Le rendant auteur de situations non désirées ».

Trente ans après, son ambition d’un « pouvoir sans borne » le place devant le même scenario. Va-t-il comme en 1987 attendre que la catastrophe se produise avant de sortir du bois ? Dans son mode de fonctionnement, il n’a pas l’habitude de prendre les devants. Il n’agit pas par lui-même, mais par le biais des autres. C’est Assimi Kouanda qui est devenu l’instrument de cette ambition de « pouvoir à vie ». Il joue le rôle jusqu’à la détestation de sa personne et jusqu’à la compromission de son honneur. Un Républicain réduit à défendre la monarchisation du pouvoir.

Comme en 1987, mais à rebours, le complot de la fin du dialogue, (en référence au complot de 20 heure) programmé pour servir de justification à la convocation du référendum n’a pas pu se produire. Il a été éventé bien avant. Blaise Compaoré va devoir décider. Si l’on en croit le calendrier qu’il s’est donné, il peut encore attendre jusqu’en mai 2015. Il va donc faire perdurer le faux suspense. Il va comme il l’a annoncé convoquer d’autres dialogueurs dans les jours à venir pour leur soumettre probablement les mêmes questions. Des dialogueurs plus accommodants qui n’auront pas trop de scrupules à lui créer les conditions d’une décision qui va dans le sens de ses intérêts.

Qu’en sera alors de l’ADF/RDA qui continue à faire entendre son point de vue, qui n’a toujours pas évolué. Le parti de Gilbert Ouédraogo, tout en regrettant l’échec du dialogue, réaffirme sa position de principe de l’exigence d’une limitation des mandats présidentiels. Pour faire dans le compromis, l’ADF/RDA va-t-il faire une exception pour Blaise Compaoré ? Et dans quel sens ? C’est tout l’intérêt des évolutions à venir, même si cette situation de blocage politique commence vraiment à peser sur tout le monde et à gripper la marche du pays dont l’économie s’effondre à vue d’œil. Les recettes fiscales en septembre dernier étaient de 30% inférieures à la moyenne normale. Sans horizon dégagé pas d’investisseurs. A ce rythme-là, le chao annoncé de l’après Blaise n’attendra pas son départ, pour notre grand malheur.

NAB

 

 



08/10/2014
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