Sans Détour

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Ciné droit libre, une édition sans Blaise !

Ciné Droit libre avec une onzième édition forcément qui dénote. C’est la première, de ce petit festival, sans Blaise Compaoré. Crée de briques et de brocs par un petit groupe de fêlés de la liberté, il s’était donné une ambition plus grande que ne pouvaient supporter ses épaules. Fendre la muraille du système autocratique de Blaise Compaoré. Les dignitaires de l’ancien régime ne lui ont pas facilité la vie, mais ne l’ont pas contré non plus tant que le festival, trop petit à leur yeux et trop confiné dans les enclaves diplomates, et vivant de la générosité des partenaires servaient d’exutoire aux aigris du système. C’est le gentil qualificatif que l’on accolait aux contestataires. 

Ciné droit libre, le « David » des espaces d’expression démocratique a pleinement joué de ce dédain d’un système trop sûr de lui, pour creuser son sillon. Les organisateurs ont eu l’intelligence de forger un concept reposant sur un cocktail « cinéma de contestation et musique engagée » en réussissant le tour de force de faire parrainer les éditions du festival par des personnalités qui comptent. 


La dixième édition a été ainsi parrainée par l’emblématique John Jerry Rawlings, le père de la révolution et de la démocratie au Ghana. Pour l’anecdote Blaise Compaoré qui avait reçu le ghanéen, dans le sillage, avait fait le reproche aux organisateurs de ciné droit libre, de ne lui avoir jamais adressé une invitation. Ce que ces derniers avaient confusément promis de remédier.


Il ne savait pas, le Blaise, que la onzième édition se tiendrait sans lui. Qu’il exprime le désir, d’être invité, même s’il ne le pensait pas vraiment, était aussi le signe que le petit festival commençait à avoir de l’impact. De l’indifférence du départ, le système commençait à s’y intéresser pour voir à défaut de le dompter comment ne plus l’avoir contre lui. 


Sauf que c’était déjà trop tard. Le festival avait, pour ainsi dire, semé durablement les germes de la liberté et des droits humains. L’arme la plus fatale contre tout système autocratique et dictatorial. Seulement que les systèmes autocratiques à ce niveau de leur existence, sont autistes. Fatalement donc, Blaise Compaoré n’a pas compris que le pays avait considérablement évolué. Que ce n’était plus d’une envie « d’un Blaise à vie » dont avait soif ses compatriotes, mais plutôt d’un Burkina « sans Blaise  et sans son système ». La horde de jeunes, conscientisée par les éditions successives du festival, était déterminée à dégager Blaise de Kosyam, s’il faisait l’erreur de vouloir tripatouiller la constitution. Mais ça, depuis sa forteresse de Kosyam, il ne pouvait pas le percevoir naturellement.


Ciné droit libre célèbre cette édition en triomphe d’un travail de conscientisation obstinément mené. Il a contribué à construire les armes de l’insurrection populaire et peut à postériori dire « qu’il a fini par avoir la peau de Blaise et de son système ». Cette onzième édition se tient plutôt dans une ambiance euphorique. Le festival pour la première fois a droit à la salle de « Ciné Burkina » pour son inauguration, ce qu’on lui avait toujours refusé. Signe des temps aussi, assurément anecdotique, mais significatif à plus d’un titre, le président de la CENI était aux premières loges, pour le film inaugural « les dix jours qui ont fait chuter Blaise Compaoré ». Une séance de rattrapage assurément pour Me Barthelemy Kéré. 

 



29/06/2015
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