Sans Détour

Sans Détour

chronique politique

2015
Une année totalement folle !

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Elle commence plein d’espoir, pour un Burkina qui a mis fin, par lui-même,

à l’un des régimes les plus craints du continent. L’avenir semble dès lors très prometteur.

Un peuple qui a fait aussi facilement, ce dont rêvent des millions d’autres sur le continent,

sans jamais y parvenir, a forcément les atouts de son avenir.

 

Sauf que l’histoire des peuples n’est jamais linéaire. Ce qui semble évident à priori n’est pas forcément ce qui se réalise. Le bon sens n’est pas forcément la chose la mieux partagée, contrairement à ce que stipule le dicton et particulièrement en politique.

 

Qu’est-ce qui a manqué ?

 

Il a manqué la réflexion prospective et le culte de la contradiction. Les deux élevés au rang de dogme de l’insurrection auraient permis de faire les meilleurs choix aussi bien institutionnels que politiques. En l’absence de cette exigence FONDAMENTALE, et en raison du fait que la nature a horreur du vide, on l’y a substitué des querelles et des bagarres au ras des pâquerettes. On s’est perdu en conjectures stériles. Conséquence de tout cela :


1. On a pu traverser la transition, avec (quand même) des élections de qualité satisfaisante


2. Mais aucun problème sérieux n’a été adressé. La refondation espérée n’a pas pu avoir lieu. Les reformes qui semblaient constituer les acquis principaux de la transition ont été foulés au pied par la transition elle-même. Le code minier était prometteur, il n’a pas empêché que le ministre des Mines restitue Tambao au plus mafieux des opérateurs du domaine, Timis de Pan african. Donc un retour à la case départ malgré un code minier qui aurait dû instituer une « justice minière ».


3. La loi sur la corruption a constitué un grand espoir. Elle n’a pas empêché que l’on parle aujourd’hui de malversations de la transition qui porte sur plus de 200 milliards avec des marchés publics que le nouveau gouvernement promet d’annuler à sa première session de Conseil des ministres. Que dire du CNT ? Les audits annoncés par le nouveau maitre des lieux vont situer chacun.


Dans cette dernière chronique de 2015, il ne s’agit nullement de mettre à l’index les ex responsables de la transition. Cela ne servirait à rien, puisque l’objectif cardinal de la critique c’est pousser à la correction et à présent ils ne sont plus en capacité de le faire.


En cela 2015 a été une année très folle. Mais elle a permis de révéler chacun. Le service de la nation n’est pas simple et aisé. Mais disons que chacun sert le pays en donnant ce qu’il peut. Il n’en découle pas que certains aiment le pays plus que d’autres. Nous sommes tous les enfants du Burkina. Ceux qui ont fauté aujourd’hui ont eux aussi à un moment de leur vie suscité de l’espoir et nourri de grandes ambitions pour le pays. Ceux qui les remplacent ne sont pas à l’abri des mêmes erreurs et des mêmes fautes et peut-être des mêmes crimes.

 

 Comment s’en prémunir ?


Il faut, non pas s’enfoncer dans la surenchère des exclusions, des punitions et des récriminations. On a fait la même chose depuis 1960 sans résultats probants. Sur les neufs présidents que le pays a connu, aucun n’a fini tranquillement un mandat présidentiel. Maurice a été chassé. Lamizana a été chassé. Saye Zerbo a été chassé. Jean Baptiste Ouédraogo a été chassé. Sankara a été tué. Blaise a été chassé. Même Kafando qui aurait dû conduire un mandat tranquille a connu des jours de prison.
C’est le signe que la médication, la même administrée à nos problèmes, n’est pas le bon. Comme on dit l’erreur est humaine. Mais persister dans l’erreur est diabolique. Il nous faut vaincre ce signe indien de notre pouvoir politique. Pour cela il faut nous réconcilier. Certains y sont allergiques. Sauf qu’il n’y a pas une autre alternative. Il faut tout simplement investiguer les meilleurs moyens d’y parvenir.


C’est le vœu ardent que je formule pour notre pays au seuil de cette nouvelle année 2016 et du nouveau pouvoir qui se met en place. Que plus jamais un président du Faso ne soit obligé de fuir le pays. Le développement est une œuvre de longue haleine. Chaque génération accomplit ou trahit sa mission historique. Les institutions nationales doivent pouvoir solidement permettre le bon « check and Balance », pour l’équilibre, la justice et l’équité sociale.

 

Bonne année à tous.

 

A tous ceux que j’ai pu offenser, je vous demande pardon. 
  

 



31/12/2015
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