Sans Détour

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Chronique politique

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Les étoiles encombrantes de Zida

et les décorations « coura-coura » du Faso

 

 

 

 

D’entrée de jeu, je signale que c’est la dernière chronique que je fais sur la transition.

 

Pendant 13 mois, j’ai fait ce que je crois être mon devoir de journaliste. Critiquer alors qu’il est encore temps pour que les acteurs s’amendent. Etant entendu qu’ils n’agissent pas pour eux-mêmes, mais parce qu’ils sont au service du peuple. J’ai tout entendu pendant cette période. Mes ennemis les plus déterminés ont été même certains journalistes, (d’autres, soit dit en passant, j’ai été cause pour qu’ils embrassent la profession quand personne n’osait leur offrir la moindre chance) qui ont élu domicile au CNT, dans un « Club anti-Newton », où ils passaient les journées à manger les sous de Chérif et me calomnier. C’est à celui qui dira le plus de méchanceté sur le compte de Newton, transformé en ennemi numéro de la transition pour amitiés suspectes avec Gilbert Diendéré.

 

Or qu’est-ce que j’ai dit durant cette transition ?

Dès le 30 décembre 2014, ayant été parmi les premiers à être informé du premier accroc entre Zida et ses frères d’arme, j’ai émis l’alerte suivante :

 

« l’erreur a consisté d’associer, pour ne pas dire, de remettre le pouvoir que nous avions arraché à Blaise au RSP par la désignation de Zida pour la conduire. Nous avions ajouté que la transition peut toujours corriger le tir. Il lui suffit tout simplement de remettre les choses en l’endroit. Si l’armée est indispensable au processus, alors il faut l’associer comme institution de l’Etat, mais au niveau de l’Etat-major et non plus par le biais du RSP. Ce qui aurait sans doute produit deux effets immédiats :

 

- Le changement de premier ministre. Zida aurait quitté la tête du gouvernement et le RSP n’aurait plus eu un prétexte d’intervenir dans les affaires de la transition. L’Etat-major réhabilité aurait fait pièce au RSP, comme cela est intervenu en septembre après le coup d’Etat du RSP.

 

- Nous aurions refondé la transition sur des bases plus claires »

 

C’est à l’époque que le concept « transition’s boys » a été forgé par les « transitionnaires » des OSC qui en vérité voulait dire « tirailleurs de Zida ». Tout le long, ils n’ont cessé de se comporter comme tel, même quand les intérêts de la nation et de l’insurrection commandaient le contraire.

 

Ensuite sur les émoluments des députés du CNT. Nous avions écrit « Cherif, le Sankariste qui aime les feuilles ». Pas par méchanceté, mais un parallèle qui consistait tout simplement à attirer l’attention d’un confrère (et ainé de surcroît) à penser plutôt « Sankara » qu’à céder à l’attrait du « clinquant ». Hélas, comme toujours en situation de pouvoir on n’écoute que les flagorneurs. Chérif s’est réfugié dans les bras de nouveaux « amis ». Les amis du pouvoir, tellement forts dans la flatterie et très prompts à quitter le navire, quand le vent tourne. Allez demander à Jérome Bougouma, Djibril Bassolé, Gilbert Diendéré et j’en oublie, combien de ces amis des périodes fastes viennent les voir dans leur geôles ?

 

Puis la loi « Cherif », en avril 2015. Elle a été la loi catastrophe de la transition. Elle est pour beaucoup dans la fin en queue de poisson de la transition. Une présidentielle trop vite pliée au goût de certains, alors qu’ils rêvaient d’un second tour,  et un Burkina Faso en lambeau socialement, économiquement, éthiquement et diplomatiquement. Alors qu’on aurait pu éviter ça. Bonifier une transition qui avait tout pour réussir et consolider le pays. Contrairement aux allégations du président Kafando, dans son discours à l’occasion du 11 décembre, au départ personne ne disait « qu’ils échoueraient ». C’est en posant les premiers actes que l’on a compris que lui et son premier ministre s’étaient mis dans une logique d’échec. Qu’une transition issue de l’insurrection fécondée par les luttes multiformes du Collectif « Justice pour Norbert Zongo » nomme comme ministre un certain Adama Sagnon était le signe prémonitoire évident qu’elle ne pouvait pas réussir.

 

Alors quid des étoiles de Zida ?

Nous en parlons aussi (et pour la dernière fois) parce que c’est sûr, il ne les portera pas. Un homme politique très avisé de ces questions nous avait dit « que ce sont les enfants qui vont les lui arracher ». Depuis la sortie du général Pingrenooma Zagré dans Sidwaya, il est clair qu’il ne les portera même pas. Que le Chef d’Etat-major général (CEMGA) rappelle, au risque de défier le président de la transition, qu’il faut s’en tenir aux dispositions qui prévalaient avant la révision CNT : «nous avons reconduit les anciennes dispositions concernant les nominations au grade de général. Une commission au niveau du CNT en a décidé autrement. Mais depuis juin 2015 nous avons eu à formuler une volonté de voir s’en tenir aux anciennes dispositions » est symptomatique de l’état d’esprit qui prévaut dans l’armée.  Donc un Lieutenant-Colonel ne peut pas devenir général. Pour la hiérarchie de l’armée il n’est pas question d’y déroger. Pas même pour Zida. Et surtout pas pour Zida qui a divisé l’armée et dont les gradés sont convaincus qu’il est à la base d’une mise en accusation projetée par le juge militaire. Les conclusions de la commission d’enquête que Zida a complaisamment mise en place donnait le ton en chargeant « la hiérarchie de l’armée de n’avoir pas été ferme contre les putschistes ». Il s’en est suivi un glissement vers leur complicité et le projet de leur mis en accusation. Une telle hiérarchie remontée ne permettra jamais qu’il porte ses malheureuses étoiles. Surtout quand la hiérarchie a le soutien des hommes. Les jours à venir promettent.

 

Les décorations « Coura-coura »

 

En cela aussi le slogan de la transition « rien ne sera comme avant » a été (encore) trahi. Il faut bien évidemment se réjouir pour les récipiendaires. Beaucoup le méritent amplement. C’est le cas par exemple de l’empereur des mosse, naaba Baongho. Cette transition lui doit de n’avoir pas totalement sombrée. A l’opposé on peut s’interroger sur les raisons du mérite d’un certain Basic Soul dont les hauts faits d’arme ont été d’animer une page de haine, contre tous ceux qui ne pensaient pas comme lui. De s’illustrer par l’appel au crime contre Jean Baptiste Natama, dont une partie de la maison a été incendiée, contre nous même pour nos chroniques politiques considérées comme ayant fait le lit du putsch du 17 septembre et le gros mensonge du Laïco insinuant une prise « d’otages des ambassadeurs occidentaux, vite démentie par les intéressés aux-mêmes ». Comment un tel individu peut-il mériter de la république ? Et surtout quand il est sous le coup d’une procédure de justice. Il n’est pas possible de laisser Basic Soul impuni. Ce qu’il a fait est très grave. Il ne peut pas y échapper. La justice ne peut pas laisser faire sans se décrédibiliser.  C’est pourquoi il faut forcément une réflexion sur les distinctions honorifiques de l’Etat. La nation élève au rang de modèle les citoyens qui ont mérité de lui et non ceux qui ont été au service des causes partisanes. Beaucoup de récipiendaires ont servi le régime de la transition, parfois même tout simplement Zida, et non la transition qui est, elle, l’émanation du peuple. A ce titre Naaba Baongho a servi la transition et le Burkina. Dans la même cérémonie on ne peut pas élever un individu comme Basic Soul au risque de faire des médailles de la nation de simple « Coura-coura » ( le nom des tourteaux d’arachide grillés).     

 



12/12/2015
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