Sans Détour

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Chronique du vendredi 04 septembre

Il fallait peut-être qu'elle y pense bien avant. La transition était le régime idéal

pour les reformes qui changent positivement la société.

Il fallait aussi qu'elle ne manque pas de courage,

notamment en rendant justice à ses martyrs.  

La transition et ses ambitions

 

A Fada, le gouvernement de la transition a imprimé des reformes qui, si elles lui survivent, devraient rester comme sa marque dans la postérité. A Fada aussi, hélas, il a indiqué ce que tout le monde craignait, les martyrs de l’insurrection n’auront pas la justice de sitôt.
Les régimes de ce type, quand ils sont bien conduits impulsent des mesures de progrès social qui marquent à jamais la société. Parce que justement ce type de régime, qui n’a pas les servitudes d’un régime ordinaire, notamment l’obligation de penser à une réélection ou à ne pas défavoriser sa famille politique, opèrent des réformes de progrès qui structurent pendant longtemps la société. La France sous le « Front populaire » a fait des reformes qui ont changé la vie des gens ; notamment les congés payés, la semaine de quarante heures et les conventions collectives.
La transition aurait pu, et elle en avait la légitimité et les moyens, poser les jalons de l’assurance maladie universelle, légiférer sur des lois qui criminalisent les propos ethnicistes et xénophobes et, reformer durablement les collectivités en supprimant ce doublon inutile et budgétivore entre « les gouverneurs et les présidents de Conseils régionaux ».
Elle a perdu son temps dans des « reformes » d’exclusion, qui satisfont bien entendu, les instincts grégaires de certains de nos frères qui se découvrent des « âmes » de justicier où ils auraient dus avoir de l’élévation et du dépassement. Les grandes nations se construisent non pas « dans la réduction et l’humiliation des vaincus », mais quand les vainqueurs font preuve de « grande âme ». Les Sud-africains ont inventé « UBUNTU » « je suis parce que nous sommes ». Nous sommes aujourd’hui la transition parce que les autres ont failli. L’obligation de faire mieux, imposait de faire différemment. Mais enfin ! Revenons aux décisions de Fada. 
Peut-on considérer la journée continue, comme un progrès social ? Chacun appréciera. C’est sûr son institution avec effet immédiat, comme c’est le cas, va bouleverser les habitudes. Il faut avoir les moyens de faire respecter l’observation des horaires ; tôt le matin, la pause de 30 mn, avec surement un service de restauration adapté et des dispositifs dans les écoles pour faire patienter les enfants, le temps de la journée continue. On verra à l’application si la transition a pensé à tout ça.
Le port du Faso danfani, la reforme aurait été de portée plus importante, si elle avait institué le Faso Danfani, comme la tenue officielle de cérémonie de l’Etat. Ç’aurait été incontestablement une réhabilitation de Sankara, mais en même temps, une promotion de l’économie nationale. Mais en suggérer juste le port, pendant le 8 mars, c’est une audace qui a manqué de courage.
L’Observatoire de Gestion des conflits communautaire ? Une bonne intention qui n’est pas forcément à la hauteur du drame. C’est une question tellement importante, que l’Etat ne devrait pas la sous-traiter, autrement nous auront dans le pays « plusieurs traités d’entente communautaire ». Nous n’aurons pas forcément avancé dans la résolution de cette question cruciale sur la voie de la construction nationale.
Enfin de la commission d’enquête indépendante sur les morts de l’insurrection. Ce n’est pas une reforme c’est le constat d’une impuissance. La transition n’aurait pas les moyens de rendre justice aux martyrs. Elle opte pour une solution transitionnelle. Cette décision suggère aussi ou anticipe, sur une impossibilité de solution appropriée qui pourrait provenir de la commission de réconciliation. On voit que la commission de Mgr Paul Ouédraogo s’embourbe. On ne sait plus de combien de temps elle aura besoin pour finir son rapport. Elle a dépassé son deadline de plus d’un mois et il lui faudra peut-être un autre mois supplémentaire pour conclure. Encore faut-il que ses membres les plus en vue « évitent les conflits d’intérêt ». On ne peut pas réconcilier tout en attisant le feu.   
Ce n’est pas encore le bilan, on peut s’attendre encore à des décisions de la transition. Il faut juste veiller à une ligne directrice.



04/09/2015
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