Sans Détour

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Chronique du Mercredi 29 juillet 2015 : La justice des pactes avance plus lentement qu’avant !

On ne sait pas quelle était l’ambiance de la dernière réunion statutaire du CSM, du jeudi 23 juillet dernier, mais c’est sûr que la grande « fifine » n’est pas arrivée en triomphe. A quelques trois mois de la fin de la transition, son pacte de fin mars, deux jours avant avril donc, on ne peut pas y voir un poisson, n’a pas encore imprégné la justice d’un dynamisme nouveau. Pourtant d’elle, on espérait beaucoup.

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On devrait se résoudre à faire le deuil d’une instruction sur les causes de la mort des martyrs de la transition. En douze mois, elle n’aura pas été en capacité de rendre justice à ceux qui sont morts, pour qu’elle advienne. Il me vient à l’esprit, ce coup de gueule d’un parent de martyr, dans une lettre aux martyrs :

« Je vous écris, disait-il, parce que ces derniers mois, les ex-insurgés ont réclamé justice pour les anciennes victimes de violences en politique sans s’attarder sur votre cas. Ils ont déterré Thomas Sankara et ses compagnons, mais n’ont pas pris la peine d’autopsier vos corps et faire des enquêtes approfondies avant de vous enterrer en grande pompe alors qu’ils en avaient le temps, la possibilité et les moyens (…) En fait, ils étaient tellement occupés à exploiter la valeur politique et électorale de votre sacrifice suprême qu’ils n’ont pas vu passer le temps… ». Hélas le temps est passé, mais pas la justice.        

Ainsi donc, la transition ne rendra pas justice à ses martyrs. Nous sommes déjà en vacances judiciaires. Le 1er octobre à la rentrée des juges, les préoccupations seront ailleurs, surtout pas à se préoccuper de justice pour martyr. Il n’y a pas eu instruction. Il n’y a pas eu inculpation. Il ne peut naturellement pas avoir de jugement. Mais de cela, les insurgés qui bataillent pour le « Faso d’abord » s’en préoccupent que subsidiairement. Y a-t-il causes plus grandes, que de rendre justice à ses propres martyrs ? Il faut que les martyrs attendent leur tour. Apparemment, l’insurrection va s’occuper des martyrs des autres et laisser les siens en héritage, à ceux qui viendront.

Jusque-là, les actes de procédure ont concerné les victimes du régime précédent. Le dossier Norbert Zongo a bien été rouvert. Le juge d’instruction désigné a bien informé les familles et les conseils qu’il est en place. Mais visiblement Emile Zerbo, c’est le juge en charge de ce dossier, n’a pas fait plus. Même pas l’inculpation des survivants des six sérieux suspects, en attendant de mettre le grappin sur François Compaoré.

Pour ce qui est de l’affaire Sankara, la transition a fait de gros efforts. La saisine de la Justice militaire, même tardivement et après moult rebondissements. Les restes ont été exhumés et on attend les résultats de l’expertise ADN. L’instruction du juge militaire a permis d’envoyer derrière les barreaux deux soldats, des sous-fifres c’est vrai, du 15 octobre. Les gros poissons ne sont pas pour l’instant entendus. Qu’est-ce qu’il attend le juge militaire ? Peut-être que la surchauffe actuelle baisse pour qu’il puisse faire son travail en total sérénité.  

Avec la dernière session du CSM, les affectations sont déjà actées. A Ouagadougou, c’est le grand balai. Le procureur du Faso et le président du TGI devraient partir. Est-ce la conséquence de leur mollesse dans le dossier des martyrs ? On ne peut pas l’affirmer. Il faut espérer que ceux qui arrivent en octobre soient plus hardis, dans un environnement national plus serein.

Ce n’est pas encore l’heure du bilan, mais « Fifine », la Garde des Sceaux, ne laissera pas de souvenirs immuables dans la transition. Comme on dit, on ne se baigne pas deux fois dans les mêmes eaux qui coulent sous le pont. NAB



29/07/2015
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