Sans Détour

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Chronique du mardi 30 juin

Zida et le RSP de nouveau à couteau tiré

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Entre Zida et ses anciens frères d’arme du RSP, la confiance semble irrémédiablement rompue. Telle une toile; les éléments de cette nième crise, depuis décembre 2014, ce sont enchevêtrés ces dernières semaines pour aboutir à la situation de convocation et d’audition de deux capitaines du RSP par le groupement départemental de gendarmerie du Kadiogo.

Il y a quelques semaines quand le débat sur une éventuelle prolongation de la transition commence à animer la vie politique. Elle produit aussi des effets dans les casernes et notamment au RSP. Pour les anciens frères d’arme de Zida, une prolongation de la transition, même d’une seconde, est hors de question. Les émissaires du régiment rencontrent certains responsables politiques de la transition à qui ils disent ouvertement « qu’une éventuelle décision de la prolongation sera perçue comme un casus belli, surtout si elle vient de Zida ». Le climat s’était donc sérieusement dégradé depuis et le discours de Zida, sur l’Etat de la nation où il annonce que le RSP ne sera pas dissout, n’a pas suffi à le rabibocher avec son corps d’origine. Bien au contraire, cette annonce, semble avoir exacerbé la méfiance, parce que perçue comme une façon « de jeter le régiment en pâture aux OSC pro Zida et anti RSP ».

Au sein du Régiment même, le venin de la méfiance semble avoir été injecté en épousant les contours de la religion. Il y a donc une mise en quarantaine, qui ne dit pas son nom de tous les éléments soupçonnés d’appartenir à l’obédience religieuse du premier ministre. Ce sont ces derniers qui ont été accusé, par leurs camarades, ces derniers temps de faire courir la rumeur d’un éventuel attentat en préparation, contre la personne de Yacouba Isaac Zida. Ce sont les mêmes qui sont accusés d'être les auteurs des tirs dans la nuit du 29 au 30, à Kosyam. Ils auraient été "vite maitrisés" selon proche du théâtre.

 Les choses s’emballent dans la journée du 28 juin. La gendarmerie qui assure en partie la sécurité du premier ministre est informée d’un projet d’attentat contre Zida et son chef d’Etat- major s’en ouvre au Colonel Kiere, le chef d’Etat-major particulier de la présidence. Ce dernier s’en étonne et rassure le patron des gendarmes. Dans la même journée une réunion de l’Etat major est convoquée par le général Zagré. Le colonel Kiere réitère les mêmes assurances, en arguant qu’un militaire qui prépare un coup ne se promène pas en jogging, comme s’était son cas. La réunion se termine, mais le doute des partisans de Zida n’est pas levé pour autant. Le soir du 28 juin, par mesure de sûreté, l’avion du premier ministre est dérouté pour atterrir à la base aérienne. Le diffèrent éclate au grand jour, le lendemain 29 juin, par une convocation émise par les gendarmes contre deux capitaines du RSP Dao et Kaboré. Aussitôt l’information sue, les soldats s’opposent. La hiérarchie arrive à les convaincre qu’il faut que les officiers convoqués obtempèrent à l’ordre des gendarmes et pour les rassurer, le chef de corps, Céleste Coulibaly va les accompagner. Les auditions au niveau du groupement durent près de quatre heures et finalement les deux officiers regagnent leur base. L’incident n’est pas clos pour autant. Un premier débriefing vers 17 h, à la place d’arme du régiment, suivi de dispersion semblait avoir clos le chapitre. Sauf que vers 22 h, les esprits s’échauffent à nouveau. Les éléments dit-on n’ont pas digéré ce qu’ils considèrent comme une provocation de Zida et remettent cette fois en balance sa démission de la tête du gouvernement et de celle de tous les militaires du gouvernement et la nomination d'un premier ministre civil, cette fois.  

La question est évidemment ; est-il encore possible de réconcilier Zida et le RSP, pour le bien de la transition ? Il faut croire que ça ne va pas être simple. Le RSP n’a pas bonne presse et le sait bien et en veut terriblement à Zida de surfer la dessus pour le diaboliser encore d’avantage. Zida sait aussi que son affaiblissement, comme chef de gouvernement, vient d’un RSP qui l’humilie régulièrement. Son rêve, même s’il dit le contraire en parole, serait de voir se régiment démantelé et disparaitre, puisqu’il a échoué à le dompter. Que vont faire les garants de la transition ? Arbitrer en faveur d’un des protagonistes, comme le suggèrent les OSC pro zida et anti RSP. Ou bien décider de trancher la question des militaires dans la transition en faisant d’une pierre deux coups ; en renvoyant ZIda et le RSP à leurs occupations habituelles. Sans Zida, le RSP n’aurait plus d’argument pour interférer dans la transition. Ce serait un début de mise en œuvre de la sortie des militaires de la politique. 



30/06/2015
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