Sans Détour

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Chronique du 3 juin

Les eaux troubles de la Transition !

En principe dans quatre mois et poussière les burkinabè devraient se rendre aux urnes, pour un scrutin.

Mais lequel ? Un couplé ou bien, comme il se susurre maintenant, un triplé. A quatre mois de ce scrutin, on se rend compte que rien n’est fermement arrêté et qu’il est encore possible que tout change.

Les débats ces jours à venir seront de nouveau happés par une nouvelle donne ; le besoin de changer de République. Donc de changer de Constitution. Le CGD, laboratoire de réflexion, qui a acquis ses lettres de noblesse en cette matière vient par son colloque, coïncidence ou opportunité, donner de la chair à la polémique.

Une nouvelle constitution ? Les techniciens du CGD présentent la chose simplement. Un texte nouveau, avec un nouvel ordonnancement des pouvoirs, en peu de temps et nous voilà en octobre à interroger les burkinabè sur OUI ou NON ? Techniquement donc pour eux, c’est faisable. Or le tort, du tout technique, du tout expert c’est de désincarner les problèmes. Une constitution a beau être technique, elle architecture une réalité sociale et sociologique. On n’écrit pas, comme qui dirait impunément, une constitution. Ce n’est pas un prêt-à-porter. Même le prêt-à-porter s’habille d’une culture.

C’est en cela que nos techniciens ou nos experts, nous désespèrent.

Ce débat sur la nouvelle Constitution, dont n’a pas encore dit, en dehors du verrouillage de l’article 37, qui ne peut à lui seul, constituer un projet de nouvelle République, vers quel type de régime il nous mène, pourrait constituer un pis-aller vers une prolongation de la transition. Bien évidemment que les bonnes âmes n’y croient pas. Comme il y a un an, les mêmes bonnes âmes ne croyaient pas que Blaise Compaoré franchirait le Rubicond. Quand on leur disait que les mécanismes d’un maintien à la tête de l’Etat, de Blaise après 2015 avaient été soigneusement orchestrés qu’on était à l’étape du choix du meilleur scénario, les mêmes étaient dans leurs vaseuses certitudes. Evidemment que le 30 et 31 octobre est passé par là et les mêmes pensent que les 30 et 31 octobre se reproduiront pour toutes récidives. C’est une lecture pas suffisamment élaborée des mécanismes de l’histoire. Un peu comme les marxistes avaient cru qu’il suffisait d’une masse critique d’ouvriers pour que la révolution se produise.

Depuis notre bull de Ouaga, on ne réalise pas toujours combien, notre insurrection est singulière et pourquoi elle doit avoir l’intelligence de sa singularité fragile. Que Hollande soit en pamoison de notre insurrection, est un fait, il n’avait pas pu cependant, faire inscrire sur le communiqué final de la francophonie à Dakar, les félicitations qu’il voulait voir adresser aux insurgés du Burkina. Parce que la donne sous régionale y est totalement hostile. Ça aussi c’est un fait. On peut décider de l’ignorer. Mais on serait plutôt mieux inspiré de le « calculer », comme on dit prosaïquement.

Cette affaire de nouvelle constitution est un vrai pis-aller de la prolongation. Ça fait un bout de temps que cela nous pend au nez. Depuis les sorties de Zida à Washington, la toile se tisse. Les scenarii se dessinent. Et les partenaires de sa réalisation se recrutent. En politique quand on dit une chose plusieurs fois, c’est parce qu’on veut qu’elle soit partagée. Il est possible que dans cette affaire de nouvelle constitution, certains responsables de la transition soient tout à fait de bonne foi. Savent-ils seulement où ils mettent les pieds ?    



03/06/2015
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